Briançon se voudrait imprenable

 

Eric Blais (photo Stéphane Milhomme)

Dès l'annonce de la création du Super 16, Briançon s'est fait remarquer par son recrutement. Les Diables Rouges ont secoué le monde du hockey français en annonçant l'arrivée d'un joueur que nul n'a oublié, Juha Jokiharju. S'il a dû quitter Amiens sous fond de polémique pendant les play-offs (on lui reprochait de refuser le combat et de simuler des blessures pour ne pas être malmené dans les rencontres les plus rudes des séries finales), son passage à Rouen s'était en revanche mieux passé. Il avait terminé meilleur marqueur du championnat Élite, et s'il n'avait pas été conservé dans l'effectif des Dragons, c'est simplement parce que la diminution de la masse salariale ne le permettait pas. Son retour en France à une époque où la sagesse financière est exigée a donc surpris, mais elle s'explique aisément car l'attaquant finlandais est à présent nanti d'une nouvelle mission : il n'est plus simple buteur, il est devenu entraîneur-joueur.

Dans la foulée de Jokiharju, des noms de grosses pointures avaient circulé : Richard Aimonetto, Lionel Orsolini et Harri Suvanto. Mais finalement aucun d'entre eux ne rejoindra les Hautes-Alpes. Aimonetto a rejoint Mulhouse, Orsolini s'apprête à vivre un challenge différent à Nice, et l'ex-Grenoblois Suvanto est retourné en Finlande. Ces recrutements avortés sont peut-être bon signe quand on sait que Briançon a été un des six clubs devant passer par le rattrapage pour réussir son examen d'entrée en Super 16. Sans doute le club a-t-il dû repartir sur des bases plus saines et modestes pour convaincre la commission de contrôle de gestion, ce qui était incompatible avec les transferts annoncés. Y compris celui de Simon Lacroix, qui n'a finalement pas suivi son compère Patrice Bellier et a été repris dans l'effectif rouennais.

Avec Juha Jokiharju et le champion de France rémois David Ribanelli, les deux recrues d'exception concernent l'attaque, qui comptera sur ces deux joueurs pour faire la différence. On suivra également de près l'international junior Yannick Maillot, qui devrait avoir plus de temps de glace dans un effectif moins large que celui d'Amiens.

Mais le domaine qui a subi le plus fort remaniement a été la défense. Alors qu'on s'attendait à ce qu'elles soient un point fort l'an dernier, les lignes arrières ont au contraire été décevantes, en grande partie à cause de la blessure du pilier attendu Martin Roh. Renforcé sur le papier, Briançon a semblé perdre en cohésion sur la glace, et cela s'est traduit par une saison de D1 complètement ratée et une non-qualification pour les play-offs. Par conséquent, on est presque reparti d'une feuille blanche en défense, avec la retraite bien méritée de Michel Leblanc (à 42 ans !) et les départs de Roh, Guidoux et J-F Cal. On a rappelé un ancien du club, le Canadien Dominic Fafard, qui a participé à la promotion de Kaufbeuren d'Oberliga en Bundesliga 2 l'an passé. Patrice Bellier (Rouen) et le Saint-Pierrais Gary Levêque (Reims) apporteront leur expérience de l'élite. Et enfin Justin Gélinas complète la liste des recrues défensives. Du succès de cette arrière-garde entièrement reconstruite dépendra sans doute la saison de Briançon.

Le gardien Julien Figved sera lui aussi sous les feux de la rampe. Il est l'un des meilleurs espoirs français, et avait même été appelé à certains stages de l'équipe de France, mais il évoluait dans l'ombre en division 1. Maintenant, le voilà en élite, où son adaptation à ce nouveau monde sera certainement observée avec attention.

Quelles peuvent être les ambitions briançonnaises ? Mulhouse et Grenoble semblent inaccessibles, et Villard conserve le respect de tous les adversaires qu'il a dominés avec régularité en d1. Par conséquent, on entend pas mal de monde qui parie sur une faillite d'Anglet. Pourtant les Basques ont une équipe assez semblable à celle qu'ils avaient l'an dernier en élite. Mais il est vrai que leur tendance à se trouer complètement sur certains matches pourraient leur coûter cher dans un championnat où chaque point compte.

De toute manière, que ce soit Villard ou Anglet, ainsi que Clermont, Gap et même les deux gros Grenoble et Mulhouse, personne ne se déplacera avec la certitude de la victoire chez les Diables Rouges. Ces derniers sont beaucoup moins redoutés à domicile que par le passé, mais ils ont la ferme intention de retrouver leur réputation. Monter à Briançon doit de nouveau inspirer la crainte. Est-ce que ce sera le cas ? Briançon sera-t-il assez constant pour accéder à la poule finale ? Sa nouvelle défense pourra-t-elle être une forteresse ? Jokiharju sera-t-il le nouveau Vauban ? Réponse dans les prochaines semaines...

Marc Branchu

 

 

Départs : Martin Roh (Villard-de-Lans), Mathieu Guidoux (Villard-de-Lans), Jean-François Cal (Gap), Bertrand Pousse (La Roche-sur-Yon), Arnaud Blanchard (Dunkerque), Nicolas Casini (Nice), Michel Leblanc (arrêt), Fabrice Huot-Marchand (arrêt), Fabrice Aumenier (arrêt).

Arrivées : Juka Jokiharju (Storhamar, NOR), Dominic Fafard (Kaufbeuren, ALL), Patrice Bellier (Rouen), Sébastien Muret (Valence), David Ribanelli (Reims), Gary Levêque (Reims), Yannick Maillot (Amiens), Justin Gélinas, Mickaël Perez.

Effectif :

Gardiens : Julien Figved, Sébastien Muret

Défenseurs : Dominic Fafard (CAN), Fabrice Pere, Patrice Bellier, Frédéric Borgnet, Justin Gélinas, Gary Levêque, Alexandre Rouillard.

Attaquants : Emmanuel Giusti, Cédric Boldron, Jean-Michel Bortino, Eric Blais, Hugues Moreaux, Yannick Maillot, Mickaël Perez, David Ribanelli, Christophe Robert, Juha Jokiharju (FIN).

Entraîneur : Juka Jokiharju (FIN).

 

 

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