Russie 2001/02 : bilan de la saison

 

Résultats de la saison

 

La Russie s'affirme de plus en plus comme l'Eldorado des championnats européens pour hockeyeurs en quête de dollars, grâce à une taxation faible et au soutien de l'industrie lourde (ainsi qu'aux suspicions tenaces de blanchiment d'argent pour le compte de commerces plus inavouables). Les principales stars du championnat, les Maksim Sushinsky (Omsk), Andreï Razin (Dinamo Moscou), Andreï Kovalenko (Yaroslavl) et Evgueni Koreshkov (Magnitogorsk), gagnent ainsi plus de 500 000 euros annuels nets, et ce niveau de salaire, s'il ne permet pas de retenir les jeunes espoirs russes, à qui culturellement on fait peu confiance par rapport aux vétérans, attire en revanche des stars confirmées, étrangers compris. 

Vladimir Vujtek avec Vyacheslav Butsaev (photo Lokomotiv Yaroslavl)

La saison qui vient de s'écouler ne fera que confirmer cette tendance. Après les échecs d'expériences similaires dans le football ou le basket, le premier coup d'essai d'un entraîneur étranger (en l'occurrence le Tchèque Vladimír Vujtek à Yaroslavl) à la tête d'un club russe de hockey a été un coup de maître, avec un titre de champion à l'arrivée. La mode des renforts devrait encore s'accélérer après les séries finales, où ils ont été les hommes décisifs. En demi-finales, c'est le Tchèque Ján Peterek qui a éliminé Magnitogorsk dans un angle impossible, et c'est l'Allemand Jan Benda, époustouflant de calme pendant son tir au but, qui a qualifié Kazan contre Omsk. En finale, c'est le Slovaque Martin Štrbak qui a marqué le but vainqueur de Yaroslavl dans la prolongation du troisième match. Ce but d'un défenseur monté à l'avant dans une telle situation est une chose rare dans un championnat russe où la culture du résultat est encore plus forte que partout ailleurs.

Et ce n'est pas là la moindre réussite de Vladimír Vujtek : il a réappris aux Russes, autrefois maîtres en la matière, ce qu'était un collectif. Après la crise du vieux système soviétique autoritaire, souvent mal accepté par la jeune génération, aucun nouvel entraîneur n'a été capable de proposer une alternative convaincante. Les techniciens russes ont été incapables de se renouveler et de garder leur esprit tactique pionnier. Il a fallu que ce soit un Tchèque qui leur enseigne son savoir-faire, en montrant qu'il était possible de mettre en place une organisation irréprochable tout en laissant ses joueurs s'exprimer, et ce dans un cadre plus souple. Alors que ses collègues organisent une vie quasi-monastique, cantonnant les joueurs le plus longtemps possible ensemble dans leur camp de base, Vujtek a donné plus de libertés aux siens, sans que cela nuise aucunement à leur esprit d'équipe. Des entraîneurs comme Moïseïev à Kazan ou Mikhaïlov avec la sélection nationale ont montré que la vieille garde n'était pas finie, mais il existe maintenant un contrepoint qui pourrait insuffler de la vitalité tactique et inspirer une nouvelle génération de techniciens, car la Russie ne pourra pas éternellement se reposer sur les derniers héritiers de sa grandeur passée.

 

Premier : Lokomotiv Yaroslavl. Même si elle n'a pas été construite à temps pour les championnats du monde 2000 qui ne s'étaient du coup déroulés que sur un seul site (Saint-Pétersbourg), la nouvelle patinoire de Yaroslavl, édifiée par les Finlandais, a finalement vu le jour. Cette enceinte ultra-moderne de 9000 places, dotée de beaux vestiaires (deux pour l'équipe locale - un pour les vétérans, un pour les jeunes, histoire de rappeler les traditions russes de respect des aînés), restaurants, stands de bière, magasins d'accessoires, salle réservée exclusivement aux contrôles anti-dopage (une première dans le pays), n'a pas encore l'atmosphère de la vieille patinoire de 4000 places, celle du titre de 1997. Mais, du point de vue de sa conception, elle n'a d'équivalent nulle part dans le pays, hormis à Saint-Pétersbourg justement. Et le club local, ex-Torpedo devenu Lokomotiv, s'est montré digne de ce bijou. Avec un des plus gros budgets, si ce n'est le plus gros (sans doute quinze millions d'euros, estimation probable même si ces chiffres restent secrets), Yaroslavl s'est doté d'un effectif exceptionnel, capable sans doute d'aligner six lignes de très haut niveau. Un rêve pour tout entraîneur. Certes, contrairement aux habitudes russes où l'entraîneur construit l'effectif (et prend ainsi toute la responsabilité d'un éventuel échec), Vujtek a seulement amené avec lui deux joueurs, deux compatriotes : Jan Peterek (dont les mauvaises langues disaient alors qu'il avait été embauché comma traducteur tchèque-russe plus que comme hockeyeur, ce que les évènements allaient contredire) et Jirí Trvaj, qui n'a jamais pu détrôner Igor Podomatsky, le meilleur gardien du championnat. Mais Vujtek en a vite découvert d'autres. Dans un match amical de pré-saison contre Nijni Novgorod, il s'est ainsi enquis du joueur adverse Ivan Tkachenko qui lui avait tapé dans l'śil. Et il a halluciné en s'entendant répondre que cet attaquant appartenait à Yaroslavl et qu'il avait été prêté car son prédécesseur au poste d'entraîneur, Petr Vorobiev, doutait de ses qualités de hockeyeur. Rapatrié dare-dare, Tkachenko allait devenir un des meilleurs marqueurs de l'ère Vujtek.

Vladimír Vujtek a un leitmotiv commun à beaucoup d'entraîneurs, selon lequel il faut trois saisons pour bâtir une équipe et travailler efficacement. Il pourrait presque mettre un terme à son bail bien avant terme, car une année lui a suffi pour construire une équipe homogène, impressionnante d'efficacité, et qui n'avait jamais douté à aucun moment de la saison. Sa principale qualité est d'être capable de conserver très longtemps l'avantage une fois qu'elle est passée devant au score. Au bilan, la défense, menée par Aleksandr Guskov, Alekseï Vassiliev, Sergueï Zhukov, le capitaine Dmitri Krasotkin, le vieux sage Alekseï Amelin, et même Martin Štrbak (récupéré en janvier d'un Vsetín au bord de la faillite), est si solide qu'il suffit que l'attaque marque deux buts pour que la victoire soit presque assurée. Et deux buts, ce n'est vraiment pas la mer à boire quand on a dans ses rangs des Ján Peterek, Ivan Tkachenko, Sergueï Korolev, Anton But, sans oublier bien sûr la première ligne extrêmement percutante. On y retrouve l'international ukrainien Vadim Shakhraïchuk et les vieux complices du CSKA, Vyacheslav Butsaïev et Andreï Kovalenko. Ce dernier, qui faisait son retour dans la région de la Volga dont il est originaire après neuf ans en NHL, a fait mentir la réputation des revenants d'Amérique du Nord, qui avaient jusqu'ici tous connu une saison médiocre en retrouvant leur championnat national. Non seulement il a parfaitement trouvé ses marques, mais celui qui a gagné au Canada le surnom de "tank russe" est aussi tout simplement devenu le meilleur joueur du championnat, ce qui lui a valu le capitanat de la sélection russe.

Deuxième : Ak Bars Kazan. Chez les Tatars, le hockey sur glace est devenu une occasion de raffermir la fierté patriotique et de contribuer au rayonnement de Kazan. L'hymne de la République autonome du Tatarstan, qui est joué avec l'hymne russe avant chaque match, le rappelle à tout visiteur. Par conséquent, le début de saison manqué du club ne pouvait qu'aboutir au limogeage de l'entraîneur Vladimir Krikunov. Pour le remplacer, on a alors fait appel à un héros local, Youri Moïseïev, l'homme qui avait conduit Kazan à ses meilleures saisons. Outre ses célèbres accès de colère et ses numéros tragi-comiques lors des conférences de presse, Moïseïev se caractérise surtout par sa foi inébranlable en Anatoli Tarasov, le légendaire entraîneur soviétique, l'homme qui a fait le CSKA et l'équipe d'URSS, qui a mis en place ce collectif époustouflant qui a ébahi les amateurs de hockey du monde entier et a fini par faire vaciller le grand Canada lui-même. Il n'est donc pas étonnant que Kazan ne compte pas dans ses rangs de grandes vedettes, contrairement à ses principaux rivaux. La star, c'est l'équipe. Et celle-ci a pu atteindre un objectif inespéré, la finale, en s'appuyant sur des joueurs modestes, au service du collectif, ce qu'incarne parfaitement le défenseur Aleksandr Zhdan. Mais Moïseïev a aussi gardé de la tradition soviétique la priorité absolue aux anciens. Il lui fallait donc un contrepoint capable de développer les aspirations des plus jeunes. Et ce complément idéal, Kazan l'a trouvé en la personne de Vladimir Plyushchev, l'entraîneur des moins de 20 ans russes, qui a conduit cette sélection au titre de champion du monde juniors. Ce duo magique a mis en place un équilibre parfait qui a permis aux Bars de se qualifier pour la finale, alors que la plupart des observateurs affirmaient avant la demi-finale (et même après, d'ailleurs) qu'Omsk leur était nettement supérieur et faisait un finaliste bien plus beau et bien plus compétitif. Deuxième de la saison régulière, deuxième des play-offs, Kazan fait la sourde oreille à ces théories agaçantes. Plus ennuyeux, la finale ne s'est pas déroulée comme souhaité, en grande partie parce que les performances du club ont alors été ternies quand on a appris le contrôle positif de Chupin et Kudermetov. Le bureau anti-dopage n'a été mis en place que très récemment dans le sport russe, et c'était la première fois que de tels contrôles étaient systématiquement diligentés, à l'occasion des play-offs, où ce thème était dans l'actualité après la positivité du Biélorusse Vassili Pankov aux JO. Tirés au sort respectivement pendant le troisième et le quatrième match de la demi-finale contre Omsk, Chupin et Kudermetov ne sont pas apparus sur la glace en finale, même si l'annonce officielle de leur contrôle positif n'est intervenu qu'au troisième match, alors qu'il était visiblement connu mais passé sous silence lors des deux rencontres précédentes.

Troisième : Metallurg Magnitogorsk. C'est le gardien Igor Karpenko que la tactique extrêmement offensive de Valeri Belousov place dans la position la plus difficile. Elle le contraint en effet à une forte activité et l'oblige parfois à quelques passages à vide obligés. Mais il conserve la confiance de son entraîneur qui en a bien conscience et qui sait que son portier est aussi capable de grande performances, comme il l'a prouvé en quart de finale où il a battu le record d'invincibilité des play-offs après avoir pris une dérouillée au premier match. Le hockey d'attaque du Metallurg profite en revanche pleinement à Sergueï Klimentiev, arrière multi-cartes devenu ainsi meilleur compteur parmi les défenseurs, et surtout aux frères Evgueni et Aleksandr Koreshkov, qui viennent de dépasser ni plus ni moins que Nikolaï et Sergueï Makarov pour devenir la fratrie qui a marqué le plus de buts dans l'histoire du hockey soviétique puis russe. Malheureusement, cela n'a pas été suffisant pour conserver le titre de champion. Comme tous les autres clubs financés par l'industrie métallurgique (Novokuznetsk, Cherepovets, Chelyabinsk...), Magnitogorsk a enregistré un recul en raison du protectionnisme américain sur l'acier décidé par George W. Bush et des baisses conjointes des exportations vers les Etats-Unis et vers les pays du tiers-monde. Le Metallurg a ainsi disposé de moyens inférieurs à celui de ses concurrents dans la course au titre, et avec un effectif plus limité, les blessures de joueurs importants pendant les play-offs ont été fatales.

Quatrième : Avangard Omsk. Il est vrai qu'il a tout pour plaire, cet Avangard, qui pratique un beau hockey et compte dans son effectif beaucoup de grands noms. En cours de saison, il a ainsi attiré dans le froid sibérien les artistes tchèques Patera et Procházka (ainsi que le gardien Jaroslav Kameš, bien vite réduit au rôle frustrant de traducteur de ses compatriotes, barré par le portier ukrainien Vyukhin). Mais si les duettistes de Kladno ont donné par moments un récital de leur talent, on n'a jamais pu les harmoniser avec un partenaire, et les "troisièmes hommes" se sont succédés à leur côtés, sans jamais trouver le bon. Du coup, le vrai leader de l'équipe n'est pas étranger, il s'agit de Maksim Sushinsky, alias "Su-33" en référence à son numéro de maillot, auteur de play-offs exceptionnels où sa courbe de forme a directement coïncidé avec les résultats de son équipe. C'est d'ailleurs bien là le problème, cette extrême dépendance envers les performances de la troïka Prokopiev-Sushinsky-Zatonsky, la plus productive du championnat, à laquelle il faut associer les défenseurs Dmitri Ryabykin et Stanislav Shalnov. Le reste de l'effectif est indéniablement très talentueux, mais manque de régularité. Les adversaires savaient donc que neutraliser ce premier bloc pouvait suffire pour battre Omsk, et Kazan a su le faire en demi-finale. Malgré son bon travail, Guennadi Tsygurov devra donc rendre son tablier en raison de ce résultat relativement décevant. Il ne pouvait pas faire grand-chose face à la mode tchèque à laquelle a finalement succombé son président Anatoli Bardin. Difficile pour ce dernier de résister aux charmes d'un entraîneur aussi prestigieux qu'Ivan Hlinka.

Cinquième : Lada Togliatti. Si vous avez "apprécié" le jeu bétonné des Russes aux championnats du monde, sachez que vous n'avez encore rien vu. La tactique alors employée par Boris Mikhaïlov pourrait passer pour du hourra-hockey à côté de celle du Lada Togliatti de Petr Vorobiev, un entraîneur à part, apôtre de l'ultra-défense. Il met à l'amende tout joueur commettant une erreur défensive et prône un jeu purement destructif, certainement pas beau à voir, qui ne risque sûrement pas de favoriser le développement des qualités des joueurs, mais qui peut être diablement efficace. C'est ainsi que Togliatti, menacé de rater les play-offs en janvier après cinq défaites d'affilée, a ensuite été la meilleure équipe de la troisième phase, et s'est alors posé en sérieux concurrent pour Yaroslavl, d'autant que Vorobiev a une revanche à prendre sur ce club, dont il estime qu'il l'a viré comme un malpropre cet été, alors qu'il l'avait conduit à son unique titre (jusqu'ici) en 1997. Beaucoup d'observateurs pensaient que la vengeance pouvait s'accomplir, et que seule une organisation supérieure, comme celle de la défense en béton armé du Lada, pouvait faire tomber Yaroslavl. On ne saura jamais si cela aurait pu être le cas, car Togliatti a sombré dès les quarts de finale, pris à son propre piège dès les quarts de finale par le Metallurg Magnitogorsk de l'habituellement offensif Belousov. Cette fois, le gardien canadien Mike Fountain, qui battu le record de blanchissages en une saison (14) ex aequo avec Podomatsky, n'a pas suffi. Il n'a pourtant pas encaissé le moindre but lors du deuxième match, mais son vis-à-vis non plus. Et, alors que le score était toujours vierge après la prolongation, il a été confronté pour la première fois de sa carrière à des tirs au but, chose inhabituelle en Amérique du Nord. Moins bien préparé à cet exercice que le vieux renard Karpenko, il a cédé, et la série a basculé. Difficile d'en tenir rigueur à cet amateur de guitare, assurément l'un des personnages marquants de la saison. Il a vécu une belle aventure en découvrant la Russie et son investissement pour le club a été exemplaire.

Sixième : Severstal Cherepovets. Pas facile de rééditer son exploit quand on sort d'une saison exceptionnelle conclue par une médaille de bronze inespérée. Cette place sur le podium devait beaucoup au gardien Maksim Sokolov, qui a été un peu moins étincelant cette année même s'il s'est paradoxalement révélé aux championnats du monde en reléguant Podomatsky sur le banc et en devenant le principal artisan de la qualification en finale. Cherepovets, mené par le buteur et chouchou du public Vadim Yepantchintsev, ainsi que ses compagnons de ligne Pavel Torgaïev et Oleg Antonenko, a chuté de son piédestal dès les quarts de finale face à l'Avangard Omsk de Maksim Sushinsky. Il est difficile de se remettre d'une telle élimination, consentie après deux défaites à domicile après avoir mené respectivement 3-1 et 3-0 en début de troisième tiers-temps. L'entraîneur Sergueï Mikhalev, à qui tout le monde prédisait un licenciement si l'objectif des demi-finales n'était pas atteint, s'attendait ainsi à porter le chapeau, et c'est sans doute pourquoi il a alors tenté un échappatoire en expliquant qu'il venait alors de comprendre que certains joueurs n'avaient pas le niveau pour évoluer en Superligue. Cela pouvait ressembler à un baroud d'honneur pour sauver sa tête condamnée, mais son contrat a finalement été prolongé de deux ans. Les dirigeants du Severstal se sont bien rendus compte que la saison accomplie a été tout à fait convenable vu le niveau de la concurrence, et que la sixième place finale est quand même le deuxième meilleur résultat de l'histoire du club.

Septième : Dinamo Moscou. Avec un recrutement impressionnant (même si tous les joueurs approchés n'ont pas donné suite, certains étant effrayés par les rumeurs - déjà - sur l'instabilité du poste de l'entraîneur) , dont Razin et Karpov, champions avec Magnitogorsk, et un effectif dense, le Dinamo avait été annoncé un peu vite comme favori pour le titre. On ne passe pas du jour au lendemain du fond de classement au sommet (quoique l'inverse soit possible, le Dinamo l'a prouvé l'an passé). Malgré les critiques sur leur manque de fonds de jeu, les Moscovites ont pourtant pris un excellent départ en s'imposant comme les "champions du troisième tiers-temps", capables de tout donner en fin de match pour forcer le résultat. Mais au fil du temps on les a attendus au tournant. Souffrant d'un manque criant d'efficacité, le Dinamo a chuté au classement. La masse salariale a été dégraissée en renvoyant tous ceux qui ne correspondaient pas aux attentes. Au premier rang d'entre eux, Valeri Karpov, l'homme par qui l'escalade financière avait commencé dans le hockey russe lorsque Magnitogorsk avait racheté à prix d'or son contrat NHL avec Anaheim. Subbotin et Kozyrev ont également été écartés, alors que des joueurs prêtés comme Zolotov, Smirnov ou Mikhnov retournaient d'où ils venaient. Alors que les meilleurs se renforçaient en cours de saison (Butsaïev, Kuznetsov et Štrbak à Yaroslavl, Tsyplakov, Benda et Koznev à Kazan, Kharitonov, Patera et Procházka à Omsk), le Dinamo taillait dans son effectif. Du coup, la charge physique et psychologique incombant aux joueurs restants était trop importante. Les jeunes en particulier se voyaient réclamer des résultats sans qu'on leur laisse un temps d'adaptation. L'équipe manquait de confiance en soi, et cela a été reproché à Vladimir Semenov, viré alors que le club flirtait avec la barre des play-offs. Après un intérim de son assistant Andreï Pyatanov , on a finalement fait revenir Zinetula Bilyaetdinov de Lugano, où il n'avait pas convaincu. Celui qui était parti après avoir conduit le Dinamo au titre en 2000 s'est déclaré peu satisfait de l'état dans lequel il a retrouvé l'équipe, mais s'est dit content que la majorité des joueurs ait adhéré à son concept. Cela n'a toutefois pas été suffisant pour dépasser le stade des quarts de finale. Peut-être cet effectif était-il un peu surestimé. Hormis les internationaux Razin en attaque et Orekhov en défense, personne n'a évolué un ton au-dessus, même si on a pu constater par exemple les progrès d'un Tereshchenko.

Huitième : Krilya Sovietov Moscou. Les sept premiers du championnat étaient probablement une classe au-dessus des autres, mais la huitième place était beaucoup plus ouverte. Intrinsèquement, c'est sans doute Ufa qui avait la meilleure équipe pour y prétendre, mais elle est finalement revenue aux Krilya Sovietov. L'autre promu moscovite, bien moins médiatique que le Spartak, a réussi le bon coup de ce championnat, ce qui n'était pas évident avec un effectif renouvelé de moitié. Surtout, c'est une équipe qui a dérogé aux habitudes locales en donnant un gros temps de glace aux jeunes, ce qui a notamment permis à deux champions du monde des moins de 20 ans de progresser grandement. Le premier, l'attaquant Aleksandr Frolov, aligné avec Posnov et Shevtsov, a quasiment été le leader de l'équipe, et a en toute logique été élu meilleur espoir du championnat. Le second, le très physique défenseur Anton Voltchenkov, a pris ses responsabilités en prenant la tête de la "chasse au Kovalenko" lors d'un quart de finale déséquilibré contre Yaroslavl. Le capitaine de la sélection russe ne lui en a pas tenu rigueur et l'a accueilli en équipe nationale senior lors des championnats du monde.

Neuvième : Salavat Yulaev Ufa. "Le hockey, c'est un sport pour fermiers aux mains calleuses, pas pour des gros chats de gouttière repus." Vous l'aurez compris, l'entraîneur d'Ufa, Sergueï Nikolaïev, n'est pas satisfait du travail ni de l'écoute de ses joueurs. La première ligne, composée de Sergueï Shalamaï, Konstantin Gorovikov et Vitali Karamnov, est la première visée, pour n'avoir pas tenu la distance après quelques semaines de feu. La responsabilité offensive s'est donc portée sur le centre Aleksandr Semak, très bon, mais pas content du tout de la façon dont on l'a traité dans ce club, et qui a claqué la porte à l'issue de la saison. En défense, seuls Kukhtinov et dans une moindre mesure Ozolin, qui doit encore se stabiliser physiquement et psychologiquement, ont répondu aux attentes. Enfin, les gardiens, qui doivent être le socle de l'équipe selon Nikolaïev ont été à son goût le gros point noir. Ni Evgueni Kononov, ni Alekseï Volkov, rappelé des ligues mineures américaines où il pataugeait alors qu'il avait fait deux excellents championnats du monde juniors il y a deux-trois ans, n'ont été dignes de la confiance placée en eux.

Dixième : Amur Khabarovsk. En raison de points trop nombreux abandonnés à domicile, Khabarovsk, ville du bout du bout de la Sibérie, n'a pas été une destination aussi crainte qu'elle l'aurait souhaité. Elle fait quand même encore effet, et c'est pourquoi on a vu certains entraîneurs se demander s'ils allaient finir les deux premières phases du championnat (soit un aller-retour) à une place paire ou à une place impaire. Suivant les cas, cela signifiait ou non un déplacement à Khabarovsk au cours de la troisième phase, les dix-sept journées supplémentaires dont le calendrier est déterminé par le classement de l'équipe. C'est qu'un voyage là-bas n'est jamais anodin, d'une part en raison du temps passé dans l'avion , et d'autre part à cause du décalage horaire. Ces avantages à domicile se transforment évidemment en inconvénients pour l'Amur quand il se déplace (300 heures d'avion dans la saison), et cela requiert un caractère particulier pour s'adapter dans ce club à part. Visiblement, le Slovaque Rataj, du genre à fuir devant l'adversité, ne l'avait pas, au contraire de l'imperturbable gardien québécois Steve Plouffe, qui a fait de Khabarovsk la quatrième meilleure défense du championnat. Son succès a ouvert la voie à un appel plus important à des Nord-Américains la saison prochaine...

Onzième : Spartak Moscou. Après sa promotion acquise l'an passé, avec dans ses rangs à l'époque un certain Ilya Kovalchuk, le Spartak a effectué une rentrée en fanfare en Superligue. Il a même occupé la place de leader et ses supporters se sont sentis revivre. Mais le gardien ukrainien Konstantin Simchuk et la ligne Gogolev-Zinoviev-Volkov ont été les seuls à maintenir un niveau stable de performance, tandis que chez les "papys", Aleksei Tkachuk a alors accusé le coup de la fatigue et Igor Boldin a été victime d'angines à répétition. Ce fut alors la dégringolade complète et l'adieu aux play-offs. L'entraîneur Nikolaï Soloviev a qualifié le jeu pratiqué par son équipe d'anti-hockey et a mis en doute le professionnalisme de ses joueurs. Il a même déclaré publiquement que seuls cinq ou six d'entre eux ont le niveau de Superligue. Le président Boris Maïorov, lui-même ancien entraîneur qui a terminé sa carrière en Finlande, a une toute autre vue de la situation. Selon lui, l'équipe avait déjà l'année précédente un niveau supérieur à celui de la deuxième division, et avec le renfort de joueurs d'expérience, l'effectif n'avait rien à envier à celui des Krilya Sovietov qui ont pris la dernière place en play-offs. Les joueurs qui ont fait une première phase exceptionnelle étaient d'ailleurs exactement les mêmes que les "ratés" de la fin de la saison. Pour lui, si les entraînements ne sont nullement mis en cause, le problème vient en revanche de ce que le contrôle de l'équipe a échappé à Soloviev. Il s'est ensuite plaint de ses joueurs au lieu d'en tirer le meilleur, alors qu'il avait eu carte blanche pour constituer cette formation. Selon Maïorov, la première erreur du staff a été de placer Pavel Agarkov en position de centre, alors qu'il n'en a pas la carrure. Ce fut d'ailleurs un échec et Agarkov a fini la saison avec la réserve. En conséquence de tout cela, Soloviev a été licencié. Il sera remplacé par Fedor Kanareykin, passé cette saison d'entraîneur-adjoint à vice-président de Yaroslavl.

Douzième : Metallurg Novokuznetsk. Le gardien Sergueï Shabanov est si important pour Novokuznetsk que l'entraîneur Andreï Sidorenko a suggéré au sélectionneur du Belarus, Vladimir Krikunov, de ne pas l'intégrer dans sa composition olympique. Celui-ci a écouté un temps ce "conseil d'ami" étayé par une récente baisse de forme, mais ne l'a finalement pas suivi, heureusement pour l'équité sportive, pour le joueur et pour son pays, qui allait signer aux JO la plus grande performance de son histoire (mais malheureusement pour Novokuznetsk car son remplaçant, le gardien slovaque Merin, se révélait assez moyen). Déçu de ne pas avoir été de la fête et soupçonnant des manigances semblables qui l'auraient privé de sélection, le défenseur biélorusse Yerkovich a demandé qu'on mette fin à son contrat. Sidorenko aura de quoi méditer sur son attitude puisqu'après cette deuxième saison consécutive sans play-offs, la direction de Novokuznetsk a décidé de le licencier. On a un constaté un manque de motivation tactique de cette équipe qui n'évoluait pas à un niveau acceptable. Elle a fêté Noël après l'heure en finissant par distribuer des points à toutes les équipes visiteuses, devant des gradins de plus en plus vides, battant des records négatifs d'affluence.

Treizième : Neftekhimik Nijnekamsk. Viré de Kazan, l'entraîneur Vladimir Krikunov est devenu un véritable héros en cours de saison en qualifiant le Belarus pour une demi-finale olympique. Nijnekamsk le célèbre même s'il n'a pas rééditer cet exploit en club. Il faut dire qu'il n'est pas facile de gérer la situation quand son leader, l'ex-international Mikhaïl Sarmatin, n'est qu'un joueur prêté, et qu'il est rappelé en plein championnat par son club d'origine, Kazan justement. Dès lors, il faut se reposer en attaque sur Vassili Smirnov et Nikolaï Bardin, qui retrouve son niveau de Perm, en défense sur Aleksandr Yudin, le costaud de Mourmansk (1m90 pour 105kg), qui a gagné sa place dans la sélection russe vice-championne du monde, sur les bons lancers de la bleue de Titov, et sur le gardien américain Parris Duffus (deux Mondiaux à son actif), qui en est à son troisième pays visité après la Finlande et l'Allemagne. Mais tout cela n'est pas suffisant pour que Nijnekamsk aille au-delà de la treizième place. Saluons enfin Rafik Yakubov, qui a disputé sa dernière saison à 36 ans. Ce joueur originaire de Kazan a été champion de Russie avec les Bars ainsi qu'avec Togliatti.

Quatorzième : Mechel Chelyabinsk. Ville de tradition du hockey soviétique, dont elle était un des meilleurs centres de formation, l'école de Chelyabinsk a conservé une influence non négligeable sur le championnat actuel, puisqu'ils ne sont pas moins de sept entraîneurs à venir de là-bas : Tsygurov, Nikolaïev, Mikhalev, Belousov, Sidorenko, Ishmatov et bien sûr Nikolaï Makarov, l'actuel entraîneur du Mechel. Mais l'héritage n'est pas facile à assumer, et les Konstantin Tatarintsev, Sergueï Solomatov, Maksim Yakutsenya, ou même Matvei Belousov (le fils de l'entraîneur de Magnitogorsk, Valeri), encadrés par le vieux gardien Andreï Zuyev (38 ans, champion du monde 1993), ont bien du mal à suivre la trace de leurs glorieux aînés, qui auraient dû être champions d'URSS avec le Traktor (alors club-phare de la ville, aujourd'hui en Vyschaya Liga), s'ils n'avaient pas été envoyés chacun leur tour dans les clubs de la capitale dans les "intérêts supérieurs du hockey soviétique". Le joueur le plus en vue cette saison a été le gardien Eremenko qui a joué avec ardeur pour obtenir les points nécessaires au maintien. Malheureusement, il n'est que prêté par le Dinamo de Moscou.

Quinzième : SKA Saint-Pétersbourg. L'an passé, le SKA n'avait dû son maintien qu'à la formule du championnat, qui découpait les équipes en trois groupes et remettait les points à zéro après le premier aller-retour. Mais chacun savait que l'équipe de Saint-Pétersbourg était alors sous respiration artificielle. C'est toujours le cas avec dix-huit joueurs prêtés sur vingt-cinq, mais le club a pu tenir un championnat entier en amassant assez de points. Il a certes connu un déficit de résultats au creux de l'hiver, mais par chance celui-ci est moins long et rigoureux à Saint-Pétersbourg qu'au fin fond de la Sibérie, et le trio Rakhmatullin-Revyakin-Nurtdinov s'est retroussé les manches pour obtenir les derniers points nécessaires. Le maintien est donc réussi dans la douleur, malgré une infirmerie bien remplie. On y a vu passer le gardien Nikolaïev, par ailleurs décevant, mais aussi Ruslan Nurtdinov, blessé au bras en début de saison en plein alors qu'il tournait à plein régime. Puis Aleksei Tsvetkov et Mikhaïl Makulov ont vu leur saison terminée prématurément par une fracture du pied, et Roger Rosén, aligné au centre pour faire face à une pénurie à ce poste, s'est cassé le bras alors qu'il commençait à trouver ses marques dans sa nouvelle fonction. De toute façon, il aura été décevant comme son compatriote Peter Nylander. Les deux Suédois n'auront fait illusion que deux mois, et leur technique supérieure n'aura pas suffi. Leur mentalité a été pointée du doigt, et cela signifie que les Scandinaves de devraient pas concurrencer de sitôt les Tchèques dans les petits papiers des recruteurs russes.

Seizième : Molot-Prikamie Perm. Pour tous ces clubs, la saison prochaine, qui verra quatre d'entre eux descendre, promet d'être rude. Ce sera notamment le cas pour Perm, qu'une série de défaites avait mis en danger en janvier, et qui ne s'est sauvé que de justesse avec son nouvel entraîneur Valeri Postnikov. Cette équipe, bien pourvue en défense (même si elle a connu quelques jours sans) avec les excellents Dmitri Filimonov et Vitali Atyushov ainsi que les internationaux lettons Rodrigo Lavins et Olegs Sorokins, semble par contre trop juste en attaque, où s'est révélé comme meilleur buteur Vladislav Gromov, qui évoluait l'an passé en Vyschaya Liga avec sa ville natale de Tioumen et qui avait vu sa saison gâchée par une blessure. Les autres joueurs majeurs de cette formation sans joyau offensif sont Vladimir Grachev (ex-renfort étranger d'Alleghe en 1999), le vétéran Oleg Savchuk, et Aleksandr Agueïev, l'enfant du pays revenu à la maison après une saison à Ufa.

Dix-septième : CSKA Moscou. Après avoir échappé de justesse à la relégation par deux fois, le club le plus titré du hockey européen a vu le couperet tomber. Faute d'argent, il avait abordé la saison avec un effectif bien faible et peu de joueurs capables de prendre leurs responsabilités. Les premières semaines ont été encourageantes, mais le CSKA a ensuite souffert d'une terrible série de vingt défaites d'affilée qui l'ont fait reculer à la dernière place. Ensuite, sept bons matches à domicile ont permis de redresser la barre, grâce aux vétérans comme le capitaine Byakin (39 ans) ou Youri Leonov (rappelé en urgence pour l'occasion). Mais l'esprit de révolte a été insuffisant et n'a pu se poursuivre après la trêve. Tous les jeunes de la nouvelle génération n'ont peut-être pas l'esprit de sacrifice collectif qui a fait la gloire du CSKA. Cette descente du club marque un rebondissement important dans la bataille que se livrent les deux clubs rivaux "CSKA" et "HK CSKA", d'autant qu'elle coïncide avec la montée de ce dernier en Superligue, comme on le verra plus loin.

Dix-huitième : Torpedo Nijni-Novgorod. Avant la saison, la compagnie propriétaire GAZ avait réduit de moitié son financement et tous les leaders étaient partis. La municipalité avait annoncé son implication plus forte dans le club, mais la répartition du financement et des nouvelles responsabilités n'a jamais été clair. Résultat, le temps que la nouvelle structure se mette en forme, le Torpedo Nijni Novgorod est déjà redescendu, après trois années dans l'élite. Pourtant, s'ils n'avaient pas le talent des autres équipes, les joueurs qui étaient restés compensaient en jouant sur leur seul enthousiasme. Igor Averkin, qui a repris en mains l'équipe en décembre après une première phase catastrophique (dix points seulement), a redressé les résultats, et le Torpedo a même brièvement laissé sa lanterne rouge au CSKA. Anton Starovoyt s'est imposé comme meilleur marqueur et Maksim Potapov a montré de gros progrès. Cette équipe très jeune a effectué quelques bonnes prestations et le public a adhéré à son jeu inspiré. Mais, si elle a bien négocié les confrontations directes, elle n'a pas pris assez de points face aux grosses équipes, même si les entraîneurs de celles-ci ont souvent complimenté son potentiel. Le potentiel d'un généreux perdant, qui devra maintenant s'exprimer en Vyschaya Liga.

Vyschaya Liga

Venons-en à cette Vyschaya Liga, et à son promu le plus médiatique, le HK CSKA Moscou. Lorsque la relégation du CSKA a été consommée, on a vu les supporters du club de l'armée se tourner vers le club dissident conduit par Viktor Tikhonov et l'encourager dans ses rencontres de la poule de promotion. Il a finalement rempli son objectif grâce à de nombreux attaquants prometteurs menés par Sergueï Mozyakin. Mais il ne faut pas oublier l'apport des vétérans comme le défenseur Ilya Stashenkov et le gardien Ildar Mukhometov. Cette montée permet au CSKA dissident de reprendre la main dans la bataille que se livrent depuis maintenant six ans les deux entités rivales.

Un petit rappel des faits de cette incroyable guerre de famille, CSKA contre CSKA, est sans doute plus que nécessaire. En 1996, les dirigeants du club de l'armée décident de se séparer de l'entraîneur Viktor Tikhonov. Mais celui-ci, qui se considère comme indéboulonnable, ne veut pas qu'on lui enlève "son" équipe et entreprend alors de créer une formation dissidente, assurant que la plupart des joueurs vont le suivre. En fait, ils ne sont que huit à le faire, mais cela est suffisant pour qu'à la rentrée le championnat russe se retrouve dans une situation surréaliste, puisque son club le plus célèbre s'est dédoublé. D'un côté, le CSKA de Volchkov, et de l'autre, celui de Tikhonov, baptisé "HK CSKA". Même lorsque ce dernier descend au niveau inférieur, et même après des changements de propriétaire, la bataille continue sur tous les terrains. Chacun veut priver l'autre du droit d'utiliser le nom CSKA ou bien la patinoire (qui avait été offerte pour cinquante ans au club par le ministère de la défense en 1993, qui voulait tout faire pour enrayer la chute du glorieux CSKA), mais les deux entités continuent à coexister.

Pourtant, pendant tout ce temps, le serpent de mer d'une réunification réapparaît sans cesse, sans jamais se concrétiser. L'échange de places des deux entités pourrait-elle précipiter les choses ? C'est possible. Déjà, avant la fin de saison, il y avait un projet bien avancé, conduit par Evgueni Giner, le président du club de football du CSKA Moscou. Mais, preuve que l'affaire devient un enjeu d'état, l'affaire est en suspens en attendant la décision de "plus haut". Il semble en effet que le ministère de la défense soit décidé à tout organiser sous sa coupe, et à donner la faveur à un club unique qui donnerait les pleins pouvoirs à Tikhonov (père et fils), qui sortirait ainsi grand vainqueur du conflit.

Ce futur club unique aurait de quoi effrayer beaucoup de clubs. Après l'affaire Svitov/Tchistov, les dirigeants des deux CSKA, qui faisaient pour le coup front commun dans la mesure où cela servait leurs intérêts, ont fait savoir que "tout soldat doit jouer dans un club de l'armée". Cela concerne pas moins de 85 joueurs de Superligue, de quoi se constituer un effectif sympathique. Ainsi, par l'intermédiaire du service militaire, le CSKA espère-t-il recréer les conditions de ses succès passés, lorsqu'il attirait de force les meilleurs joueurs. Mais un possible retour du pillage en règle n'est certainement pas du goût des autres clubs...

De toute manière, la fusion est loin d'être faite, et en attendant que la nébuleuse CSKA se décante, il ne faut pas oublier qu'un autre club a pris place dans l'ascenseur pour l'élite. Il s'agit du Sibir Novossibirsk, qui était déjà parmi les favoris l'an passé, mais qui avait cédé d'entrée à domicile face à Saratov dans la poule finale et avait dû laisser la voie libre aux deux clubs moscovites, le Spartak et les Krilya Sovietov. Cette année, Novossibirsk était encore plus fort avec l'arrivée de Golubovich comme entraîneur, et il a prouvé qu'il était mûr pour monter, en surmontant la blessure de son gardien Ivashkin, qui a dû mettre un terme à sa saison pour être opéré. La remontée, c'est un objectif que tout Podolsk s'est fixé. Et cette équipe rapide s'est effectivement mêlée à la lutte pour le titre, mais n'a pu suivre jusqu'au bout le rythme des meilleurs, faute de grands leaders offensifs.

Souvent désigné comme troisième co-favori avec le Sibir et le CSKA, le Khimik Voskresensk avait pour sa part de bonnes qualités offensives, notamment avec Andrievski, mais les mailles de sa défense étaient beaucoup trop lâches pour espérer atteindre son objectif. L'équipe qui monte, en ce moment, c'est le Gazovik Tioumen, soutenu par la puissante compagnie gazière éponyme, mais il n'a pas encore l'expérience suffisante pour être au niveau de ses moyens financiers. Le problème est inverse à Lipetsk, qui possède une bonne équipe mais n'a pas l'assise économique de ses concurrents. Quant au Dinamo-Energija Ekaterinbourg, il ne semblait pas avoir un effectif capable de jouer la montée, d'autant qu'il avait le considérable handicap de devoir jouer à 30 km de chez lui parce que sa patinoire était en travaux. Enfin, l'Energija Kemerovo est déjà bien content de s'être fait une place dans ce club des huit, qualification qu'il ne doit qu'à l'interdiction faite au club kazakh du Kazzinc-Torpedo Ust-Kamenogorsk de prétendre à la Superligue, et donc de participer à la poule de promotion.

Marc Branchu

 

 

Retour à la rubrique articles