Pologne 2001/02 : présentation

 

La promotion dans l'élite mondiale lors du Mondial de division I de Grenoble a jeté un coup de projecteur sur le hockey polonais, mais le championnat national reste très fragile. Quatre clubs seulement ont ainsi pris part à la Coupe de Pologne disputée en pré-saison, les autres ayant préféré déclarer forfait pour des raisons financières. Beaucoup d'équipes n'ont obtenu des assurances financières que très tard, et on a longtemps craint que certains clubs ne puissent pas disputer le championnat. Mais celui-ci commencera en fin de compte normalement avec huit équipes. Il y a seulement quinze clubs en Pologne, les huit meilleurs clubs disputent l'Ekstraliga et les autres la 1è ligue. En Ekstraliga, quatre étrangers peuvent être alignés lors d'un même match (le gardien de but comptant pour deux), mais les clubs peuvent en avoir plus sous contrat (Katowice en a cinq par exemple).

Le favori est à nouveau l'Unia Oswiêcim, qui a remporté le championnat ces quatre dernières années. Son riche sponsor, l'entreprise chimique Dwory, le met à l'abri des problèmes financiers qui secouent ses rivaux. Les play-offs avaient été une formalité l'an dernier, mais le cinquième titre devrait toutefois être plus difficile à obtenir que le précédent, car l'écart avec les poursuivants s'est réduit. Ses principaux adversaires se sont renforcés, tandis que l'effectif de l'Unia a perdu quelques éléments, comme Michal Garbocz (Anglet) ou Tomasz Piatek, qui va tenter sa chance aux Etats-Unis, en WCHL. Il reste néanmoins de bons joueurs étrangers et un grand nombre d'internationaux, dont le capitaine de l'équipe nationale, l'attaquant Waldemar Klisiak, porte-drapeau du club, et ses collègues en attaque, Leszek Laszkiewicz, Adrian Parzyszek, Mariusz Wojciechowski et Slawomir Wieloch. En attendant un éventuel retour de Piasek, il reste deux piliers en défense, Sebastian Gonera et Jaroslaw Klys. Le point faible vient peut-être des cages, car le gardien Przemyslaw Witek est un grand talent mais est encore très jeune et inexpérimenté : il n'a que vingt ans. Le risque principal est peut-être que le club soit victime de son succès. Les supporters de la ville d'Oswiêcim (Auschwitz), habitués aux succès faciles sans émotion, ont déserté la patinoire et ne viennent que pour les grandes rencontres. Le coup de jeune imposé à l'effectif (qui se faisait vieillissant) permettra peut-être d'éviter une tendance au confort et au ronronnement. La surprenante élimination en demi-finale de la Coupe de Pologne a servi d'avertissement : il reste du travail pour que l'intégration des nouveaux se fasse et que l'équipe tourne à plein régime.

Pour le GKS Katowice, la place de finaliste de l'an dernier avait déjà été une belle satisfaction. Le club champion de Pologne en 1970 avait en effet connu de longues années de vaches maigres et les supporters s'étaient massivement détournés vers la section football (il s'agissait autrefois d'un club omnisports, mais aujourd'hui les clubs de hockey et de football sont complètement indépendants). Il reste encore des efforts pour que les gens reviennent fréquenter la patinoire, mais le GKS s'y emploie en se renforçant année après année, notamment depuis deux ans, soutenu par un bon sponsor. Le podium est l'objectif minimum, mais le but est à terme d'être champion. Pour cela, Katowice a beaucoup recruté en défense, son point faible l'an dernier. Avec trois étrangers (les Tchèques Marecek et Urban et le jeune Slovaque Karlicek, 19 ans) et deux internationaux polonais (Sebastian Labuz et Piotr Gil), l'équipe est solide, d'autant qu'elle peut compter sur Marek Batkiewicz (peut-être le meilleur gardien de but en Pologne, mais qui refuse malheureusement de jouer avec l'équipe nationale), mais il lui manque peut-être deux ou trois attaquants pour viser le titre. L'offensive sera guidée par les expérimentés Marek Stebnicki et Wojciech Tkacz, qui ont respectivement joué en Allemagne et en Suède, le Tchèque Dusan Adamcik, ainsi que Marek Koszowski, Janusz Hajnos et Zbigniew Podlipni. Katowice a généralement un très bon mental contre les grosses écuries, mais a tendance à se relâcher par manque de concentration contre les équipes plus faibles.

Le troisième candidat au titre est le GKS Tychy. Mais presque chaque année, ils avaient de hautes aspirations et puis la réalité a été tout autre. Après de bons débuts de saison, ils jouaient de moins en moins bien et ils ont terminé ainsi deux fois seulement quatrièmes alors qu'ils avaient de très bons joueurs. Mais cette année, l'effectif paraît très fort et Tychy sera certainement sur le podium. Ils ont notamment le gardien remplaçant de l'équipe nationale, Mariusz Kieca, et une attaque bien fournie avec les Tchèques Rimsky et Horny et les internationaux polonais Demkowicz, Slabon et Slusarczyk. En revanche, malgré la présence des internationaux Smielowski et Trzópek, certains défenseurs manquent encore d'expérience. Tychy a un superbe public, qui répond toujours présent et chante tout au long du match. Mais il y a parfois aussi eu des "guerres de rues" avec des supporters d'autres clubs du sud de la Pologne. Il faut dire qu'il n'y a pas de danger pour la plupart des supporters (seuls ceux qui portent des châles se battent) et que la police est aujourd'hui très bien préparée aux matches pour éviter des incidents.

Le Stocznowiec Gdansk est un club géographiquement isolé puisque c'est le seul club du nord de la Pologne au milieu de sept équipes des bastions traditionnels de Silésie et du sud du pays, ce qui n'empêche pas ses supporters de faire souvent le long voyage avec le club. Fort de ce soutien populaire, le Stocznowiec, classé avant-dernier l'an passé, s'est lancé dans une politique risquée et ambitieuse : le but est d'atteindre au moins la quatrième place cette année et d'aller sur le podium l'an prochain. C'est pourquoi ils ont acheté le gardien Tomasz Wawrzkiewicz, doté d'un grand talent, qui a participé au surprenant nul contre les champions du monde tchèques le 4 septembre, mais qui avait dû manquer le Mondial de Grenoble parce qu'il était malade. Gdansk a deux autres internationaux (Justka et Proszkiewicz) et deux bons étrangers, le Tchèque Skutchan et le Biélorusse Sharyton. Cette équipe a un très bon jeu à la bande et une très bonne condition physique et mentale mais est encore inexpérimentée et n'est pas habituée à jouer en haut de tableau.

C'est après sa troisième place de l'an dernier que les problèmes ont commencé pour le Polonia Bytom. Lâché par son sponsor, le club a été obligé de vendre de très bons joueurs (dont Dalibor Rimsky au GKS Tycky) et a longtemps été menacé de faillite. La situation était presque tragique, mais les autorités municipales ont apporté une aide, et ce n'est qu'après le début de la saison que le club a trouvé un riche sponsor, les supermarchés HIT. Il a ainsi pu acheter Tomasz Jaworski, élu meilleur gardien lors du tournoi mondial de Grenoble, qui était tout content de retrouver son club formateur et la ville où habite encore toute sa famille. C'est le joueur le plus important de l'équipe, qui compte aussi sur les défenseurs Mariusz Dulêba et Janusz Syposz et les attaquants Adam Fras, Krzysztof Kuzniecow, Dariusz Puzio. Le Polonia n'a que deux étrangers : Suhrada et surtout Jaromír Hub, le buteur slovaque. Cette équipe est très tenace et lutte jusqu'à la fin, à l'image de ses supporters fanatiques et très fidèles, mais sa défense paraît assez faible.

Le Podhale Nowy Targ est un club légendaire en Pologne, mais pourtant, il n'a même plus le droit de s'appeler ainsi. A la fin de la saison dernière, un conflit a commencé entre la ville de Nowy Targ (les autorités municipales et les habitants) et le sponsor. Ce dernier, qui était le propriétaire du club et possédait les droits des joueurs, n'a pas payé les salaires de ces derniers, et voulait transporter le club à Varsovie. On a risqué la mort du hockey à Nowy Targ, une ville que ses habitants ne peuvent pas imaginer sans hockey, mais un compromis a pu être trouvé grâce à un nouveau sponsor, Wojas. Le club s'appelle maintenant MMKS Nowy Targ car le sponsor précédent a bloqué les droits du nom Podhale, mais il est probable que le club puisse retrouver sa dénomination originelle l'an prochain. Bien sûr, le club a perdu de bons joueurs depuis deux ans que les problèmes financiers ont commencé, comme le gardien de but Marek Raczka qui joue à Lyon. Mais les dirigeants et les autorités municipales font tout pour aider cette équipe à rester en Ekstraliga. C'est sûr que ce club vivra, c'est la légende du hockey polonais. Si les meilleurs sont partis, il reste les défenseurs Tadeusz Pulawski, Jaroslaw Rózañski et Rafal Sroka et les attaquants Tomasz Podlipni et surtout Sebastian Biela. Ils ont fort à faire au milieu de jeunes joueurs.

Toute la Pologne s'est également affligée des problèmes du KTH Krynica. On a eu peur que cette équipe ne puisse pas jouer cette année après le départ de son sponsor, mais il a finalement pu prendre part à la compétition car quelques sponsors ont aidé un peu. L'équipe a perdu ses meilleurs joueurs, dont des internationaux comme le gardien Tomasz Jaworski. Il reste un effectif très jeune, avec seulement deux joueurs étrangers. Les meilleurs éléments du club sont désormais Daniel Laszkiewicz, Martin Voznik, Bartosz Lesniak et Norbert Cieraciew. S'il reste quelques bons attaquants, la défense est faible et les deux gardiens de but sont jeunes et inexpérimentés. L'équipe compense toutefois ses handicaps par sa vaillance.

Vainqueur de la 1è ligue, le Zaglebie Sosnowiec, un club de grande tradition, quelquefois champion polonais, a été promu en Ekstraliga. Il a voulu garder la cohésion de son effectif (l'important étant de ne pas perdre de joueurs) et a surtout voulu acquérir des recrues pas forcément très fortes mais très expérimentées, pour qu'elles encadrent des joueurs dont la moitié n'ont jamais joué à ce niveau. C'est au niveau des gardiens de but que le manque d'expérience se fera le plus sentir. Les joueurs les plus importants sont Marek Cholewa (38 ans) et les frères Piekarski (Rafal et Grzegorz) en défense, et Piotr Sarnik, Piotr Sadlocha et Jaroslav Morawiecki (un vétéran qui avait été contrôlé positif lors des Jeux Olympiques de Calgary en 1988) en attaque. La motivation est forte pour se maintenir en Ekstraliga, d'autant que la municipalité a promis d'augmenter ses subventions l'année prochaine.

Tomasz Powrozniak

 

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