Présentation de la division 2 française

 

La saison 2000/2001 de division 2 est dans l'ensemble à oublier, tant le spectacle s'est déplacé des patinoires vers les différentes commissions. Les problèmes de licence qui ont conduit à renverser le résultat de plusieurs matches ont créé un climat de suspicion étouffant. Les points retirés puis rendus à Toulon ont bouleversé le classement au dernier moment et entraîné l'annulation des barrages de relégation. La décision d'élargir la division 2 à vingt-quatre clubs (en deux poules de 12) a finalement été prise afin d'éviter que les appels des uns et des autres ne prolongent encore cette situation chaotique. La fédération pensait ainsi être à l'abri des recours judiciaires. Il en a été tout autrement.

En décidant d'attribuer sur dossier les deux places restantes, la commission sportive de la FFSG a donné le bâton pour se faire battre. Quelques candidats (notamment Colmar) s'étaient déjà retirés de la course aux deux strapontins après qu'on leur eut expliqué qu'ils n'avaient aucune chance, mais il restait six dossiers en lice début juillet quand la commission a eu à trancher. Valenciennes, Caen et Grenoble 2 rapidement écartés, un vote a eu lieu entre Chamonix, Le Havre et Limoges, qui ont obtenu respectivement 13, 11 et 1 voix. Cette décision apparemment sans appel a pourtant provoqué la colère du club limougeaud, déjà au centre de la polémique après son recrutement confus d'étrangers en D3 l'an passé, et qui contestait les points noirs reprochés à son dossier, notamment en ce qui concerne le manque de transparence financière.

Le Comité National et Olympique et Sportif Français (CNOSF) appelé en conciliation fin août a donné raison à Limoges et conseillé à la fédération soit d'écarter Chamonix (qui n'avait pas pu disputer de championnat la saison précédente puisqu'il avait déposé le bilan après avoir déjà joué deux matches en division 1), soit d'ouvrir une vingt-cinquième place pour Limoges, solution adoptée par la FFSG. Le choix d'admettre deux clubs "sur dossier", qui a permis d'accorder un passe-droit pour réintégrer Chamonix eu égard à son passé prestigieux, a finalement entraîné un effet boomerang et la fédération (et ses clubs) s'est prise les conséquences sur la figure.

A trois semaines de la reprise théorique du championnat (finalement avancée d'une semaine pour la poule sud), un des groupes se retrouvait ainsi à treize clubs. Le calendrier devait être refait, avec les importants inconvénients que cela implique pour les autres clubs, qui n'ont pas voulu figure de dindons de la farce. Morzine a d'abord envoyé une lettre ouverte à la FFSG, des pétitions ont très vite circulé, relayant des voix d'Annecy, de Toulon et d'ailleurs, pour empêcher que le championnat soit bouleversé de cette manière.

Certains réclamaient alors des sanctions contre La Roche qui aurait fraudé sur des licences l'an passé, les autres pointaient du doigt Limoges ou Chamonix, ou tentaient de reporter les problèmes sur l'autre poule. Mais rien n'y fera, et on devra donc assister à un championnat bancal à vingt-cinq équipes : une poule de douze et une poule de treize, les deux premiers de chaque groupe accédant aux demi-finales. Encore une fois, la manie des recours divers pour satisfaire des intérêts particuliers a porté atteinte à l'intégrité et à la crédibilité des championnats.

Effet pervers de l'élargissement dénoncé par certains, on a assisté à une escalade financière. Beaucoup s'inquiètent déjà des conséquences qu'elle pourrait avoir sur les clubs, que ce soit ceux qui ont les yeux plus gros que le ventre ou ceux qui pâtissent en retour de cette surenchère générale. La division 2 n'est pas épargnée par les maux du hockey français et l'incertitude y est également de mise. On espère qu'en fin de saison on aura seulement à compter les points, et non les cadavres de clubs.

Poule nord

Dans la poule nord, les clubs ont donc une semaine de plus pour se préparer, ce que certains clubs vont mettre à profit pour s'étalonner face à des formations de division 1 qui reprendront elles aussi leur championnat le 22 septembre. Ainsi Brest sera-t-il par exemple opposé à Nantes. Les Bretons, après une année de purgatoire, font bien sûr figure de candidats sérieux à la montée. Ils ont certes perdu quelques pièces importantes avec Alexandre Baillard (Annecy), Eric Legon (Chamonix) et Daniel Kysela (Havirov en Extraliga tchèque), mais les cadres Kulonen, Ijäs, Dugal ou Niedzolka sont toujours présents. Deux jeunes Finlandais sont arrivés de l'EPS Espoo, amenés par Kulonen : le défenseur Ville Uusitalo et l'attaquant Samuli Riikonen. Par ailleurs, deux Choletais, Guillaume Blanc et Cédric Pageau, ont rejoint les Albatros. La recrue de dernière minute est l'ancien entraîneur-joueur de Caen, Jarmo Kuusisto, qui s'est installé dans la région (sa femme est de Lesneven). La principale incertitude concerne finalement le poste de gardien, qui a finalement été attribué à l'international belge Bjorn Steylen, qui arrive de Den Bosch (Pays-Bas) : il avait posé sa candidature à quelques clubs français de division 1, notamment Dunkerque, sans vraiment convaincre. La division 2 devrait mieux lui convenir, et il ne devrait pas se faire trop de soucis compte tenu de la qualité de la défense chargée de le protéger. Signalons que Gabriel Bounoure, qui se remet d'une opération due à une hernie discale et a provisoirement arrêté le hockey, pourrait revenir à ce poste en fin de saison.

Le principal concurrent de Brest devrait être Asnières, deuxième l'an passé et candidat logique à la montée. Le grand vide creusé par le départ des frères Deschênes vers le Québec et Sorel a vite été comblé par l'arrivée d'une figure de proue encore plus célèbre, l'ancien international Roger Dubé, qui arrive comme entraîneur-joueur. Le potentiel offensif asniérois semble quand même en baisse puisque Julien Thomas a décidé de se consacrer au roller-hockey avec Rethel. Mais le jeune gardien Nicolas Fourcade est finalement resté au club, après la fin de l'élite à Viry.

Derrière, d'autres appétits aiguisés espèrent déboulonner ce duo : on pense bien sûr à Amnéville et sa colonie russe, troisième l'an passé, ou encore à Cherbourg. Mais le club de la Manche, quatrième l'an dernier, n'a pas pu conserver ses étrangers qui ont pris de la valeur au vu de leurs prestations au cours de l'année écoulée. Le trio de nouveaux arrivants, l'Américain Stephan Sommer, l'Ukrainien de Cholet Stanislav Vernikov et le Slovaque Richard Zavodny, devrait avoir du mal à faire oublier Gladu, Listenmää, Lehto et Sikl, qui portaient le club à bout de bras. Comme le grand espoir local Samson Samson est de plus parti en juniors élite à Rouen, une chute des Vikings en milieu de tableau est fort probable.

Reste l'inconnue Cholet : que vaudra la lanterne rouge de division 1 une fois reléguée en division 2 ? C'est d'autant plus difficile à dire que l'équipe présente un visage complètement nouveau avec pas moins de huit changements. Les quelques rescapés de l'aventure N1 encadreront le Slovaque Stanislas Simo (ex-Vanoise) et des joueurs venus d'autres clubs de la ligue, Nantes (Gustin, Bataillie...) ou La Roche-sur-Yon.

Parmi les autres équipes franciliennes, Garges paraît la mieux armée pour venir troubler l'ordre des leaders et a réussi un joli coup en recrutant le centre tchèque de Cherbourg, Jaroslav Sikl. Mais avec l'arrêt de Cédric Malletroit, il va falloir trouver un gardien : trois d'entre eux doivent être mis à l'essai durant la préparation. Courbevoie, où Guillaume Géhin, retourné à Epinal, a été remplacé par Mathieu Ganivet (ex-Evry), devrait se stabiliser en milieu de tableau. Le Vésinet a lutté pour son maintien l'an dernier et devra probablement faire de même cette année, d'autant que le départ pour Garges d'un leader offensif, le vétéran Simon Genest, ne facilitera pas les choses. Descendu en 1994/95 et remonté avec le titre de division 3 à la clé l'année suivante, Evry a pris l'habitude de lutter avec ses petits moyens en bas de tableau. Encore repêché sur tapis vert, le SCA 2000 aura évidemment toujours le même souci, surtout que le meilleur espoir du club, l'attaquant hyperactif Haround Litim, est parti à Chambéry. Christian Dehu aura une nouvelle fois à sa disposition une formation extrêmement jeune autour d'Olivier Roujon.

Sixième club d'Ile-de-France, le champion de division 3, Neuilly-sur-Marne, ouvre le bal des promus. Traditionnellement, ceux-ci n'ont pas trop de mal à se faire une place dans la division supérieure. Ceux-ci est dû à la cascade de dépôts de bilan dans le hockey français, qui a un double effet : d'une part, les meilleurs clubs de D3 voient leur division perturbée par l'arrivée de clubs liquidés. D'autre part, les clubs "survivants" de D2 sont repêchés, ce qui fait qu'il n'y a pas eu de relégation sportive en division 3 depuis... Rennes en 1996/97 ! Neuilly et La Roche-sur-Yon, les deux premiers de division 3, devraient donc réussir à faire leur nid à l'étage supérieur.

Repêché sur dossier, Le Havre a fait valoir ses efforts de formation qui vont lui permettre d'évoluer en D2 avec une équipe jeune et exclusivement française, emmenée par Pierrick Maïa, légendaire capitaine des Dragons de Rouen, club avec qui les Havrais ont d'ailleurs conclu un partenariat. Des juniors élite des Dragons pourront ainsi évoluer en D2 avec la formation havraise.

Poule sud

Certains présidents de la poule sud ont imité leurs homologues du nord en s'engageant dans l'engrenage des renforts étrangers. Difficile dès lors de dégager un favori. Certains piliers de la division risquent en tout cas de souffrir : devancé seulement à la différence de buts par Dijon il y a deux ans, meilleur club alpin l'an passé, Morzine aura a priori du mal à maintenir son rang. Annecy semble mieux armé : poursuivant sa politique de promotion des joueurs locaux, le président Marc Giet a pu faire revenir Alexandre Baillard de Brest et pourra en outre compter sur un étudiant tchèque au niveau jugé suffisant pour intégrer l'équipe.

Mais le favori se nomme Chamonix. Le club le plus titré de l'histoire du hockey français reprend la compétition avec l'ambition de retrouver rapidement son standing et aligne une équipe de prometteurs joueurs locaux encadrés par les grands anciens que sont Pierre Pousse et Eric Legon. Les buts seront gardés par l'excellent Frédéric Bochatay (ex-Dunkerque, Amiens et dernièrement Tours).

Si Cham' fait figure d'épouvantail, d'autres clubs des Alpes ont été très actifs sur le marché des transferts, notamment Chambéry, désormais débarrassé des problèmes de dysfonctionnement de la patinoire et qui compte sur une subvention municipale revue à la hausse. L'entraîneur Sébastien Messon annonce une équipe solide en attaque (le point faible du SOC la saison passée) et bien préparée physiquement. Le défenseur suédois Daniel Tingsborg et le gardien Jani Taivaloja n'ont finalement pas été engagés, étant jugés d'un niveau très moyen ne justifiant pas l'investissement (les faire venir étudier le français à l'Université de Savoie). De bons joueurs français ont par contre rejoint le club : de Grenoble arrivent Alexis Boccard et les juniors Gauthier Fontanel et Benjamin Dünner. Stéphane Messon vient de Nantes, Guillaume Jeannette de Viry et Harond Litim d'Evry.

En revanche, les Chambériens Renaud Van den Abbeele et le Canadien Robert Wilson ont pris la direction de Val Vanoise, qui s'est distingué en recrutant deux Lituaniens de l'Energija Elektrenai, Arturas Svedavicius et Dalius Vaiviukevicius. Le club du président Léo Mounier, que certains présenteraient presque comme un nouvel Al Capone depuis les affaires de l'an dernier, a par ailleurs recruté deux défenseurs, Yannick Letourneau (Tours) et Lionel Husson (Valence), et l'attaquant Eric Archain (Cholet). Le Canadien Fernand Boutin, l'Américain Chris Allan King, le Slovaque Stanislas Simo et Grégory Billiéras figurent au registre des départs.

Mais, même si les derbys savoyards en font souvent le sel, la poule sud ne se limite pas aux Alpes. Bordeaux en particulier devrait se charger de le rappeler, avec les arrivées de Nicolas Carry et Olivier Dimet, deux des rebelles d'Anglet. Toulouse, fort des renforts de Guillaume Pechmeja (Strasbourg) et Brice Bombal (Bordeaux), comptera toujours sur l'ex-international Petri Ylönen, qui annonce amusé avoir perdu une quinzaine de kilos par rapport à l'an dernier, dans les buts.

Ce ne seront pas moins de quatre grandes métropoles que l'on retrouvera dans cette division avec les promus lyonnais et niçois qui devraient aligner des effectifs très intéressants. Lyon s'est tourné vers la Pologne puisque le gardien Marek Raczka et le défenseur Grzegorz Chlipala arrivent du Podhale Nowy Targ. La défense s'est très nettement renforcée avec les arrivées de Vincent Hennequin (Besançon) et de Julien Gerbe (Saint-Gervais) et le retour de Roch Chevalier (Chambéry) aux côtés de Pierre Rossat-Mignot et consorts. L'attaque, renforcée de Nicolas Rey-Gaurez (Annecy), sera encore emmenée par André Svitac et Sébastien Berthet.

Nice enregistre l'arrivée de Pascal Margerit, déjà passé au club du temps de la N1B, de Thomas Appert (Besançon), de Pierre Feutry (Avignon), d'Erwan Giraud (Avignon) et du junior villardien Miramond. Mais des renforts annoncés en provenance de Poprad (Slovaquie) pourraient radicalement transformer le visage de cette équipe.

Avignon aurait été relégué l'an dernier s'il n'y avait pas eu l'élargissement. Malgré le départ des Slovaques Martin Sakmar (entraîneur-joueur) et Josef Krisak, une telle mésaventure semble cette fois moins probable. Dans les buts, on retrouvera Julien Feron, qui était la doublure de Mindjimba à Amiens. En défense arrivent l'ex-international junior biélorusse Pavel Tolstik (23 ans) et le Niçois Pierre-Yves Faurie. L'attaque est renforcée par le buteur de Dijon, Jean-François Pointet et par un duo bisontin composé de David Meister et Benoît Parmentier (ce dernier évoluait déjà à Avignon il y a deux saisons de cela).

Valence mise sur l'avenir en développant son encadrement technique, en inscrivant une équipe en junior élite, et en suivant avec intérêt le début des travaux de rénovation de la patinoire (avec 1200 places, un restaurant panoramique, dix vestiaires...), qui prendront fin en octobre 2002 pour un budget prévisionnel de 32 millions de francs (près de 5 millions d'euros). En attendant, la priorité reste le maintien en D2. Le départ du défenseur Lionel Husson (Vanoise) est compensé par les arrivées du gardien Sébastien Muret (Gap) et des attaquants Jonathan Jouannet (Chambéry) et Jean-Luc Brouard (Cherbourg). Pour Toulon, éviter la relégation est également l'objectif n°1. Pour cela, le retour d'Alexandre Joubert après un an à Chambéry ne sera pas de trop.

Enfin, Limoges reste encore un mystère. Après avoir rempli son objectif (intégrer la D2), il lui faut maintenant s'y maintenir, probablement en faisant assez largement appel à des joueurs étrangers. Mais cela ne leur avait pas particulièrement réussi l'an dernier où ils n'avaient pas, malgré les moyens mis en œuvre dans le recrutement, pu atteindre la finale de D3. Certains renforts pourraient ne pas être alignés lors des premiers matches en attendant d'avoir leurs licences en règle.

Marc Branchu

 

PS : Le forfait de dernière minute d'Evry (par manque de joueurs) a provoqué le déplacement de Limoges en poule nord... alors que le club de Raymond Paredes avait déjà joué son premier match en poule sud. Cette dernière se retrouve finalement bel et bien avec douze clubs, mais avec un calendrier tordu avec deux exempts par journée.

 

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