Présentation de la division 1 française

 

L'élite avait pourtant tout tenté : limitation encore plus drastique de la masse salariale, fonds de solidarité pour les promus, jamais les conditions n'avaient été aussi favorables pour les promus. Et pourtant, Villard-de-Lans a refusé la montée, triste symbole d'un championnat élite qui fait à certains moins envie que pitié. Tant que cela sera le cas, le hockey français ne sortira pas de son marasme. Et ce ne sont pas les dernières lubies inventées par M. Gailhaguet (adjonction de Briançon et d'une nouvelle équipe parisienne l'an prochain), énièmes tentatives pour revitaliser l'élite, qui y changeront grand chose. Si une passerelle sportive n'est pas créée entre l'élite et la division 1, unique moyen d'apporter régulièrement du sang neuf et de revitaliser une élite moribonde, rien ne changera. Encore une fois, malgré les belles intentions affichées aux états généraux, on préfère se contenter de petites mesures cache-misère qu'entreprendre de vraies réformes sempiternellement repoussées, et les saisons de transition succèdent sans fin aux saisons de transition...

Le pire, c'est que la division 1 observe ça d'un œil presque amusé, opposant son championnat passionnant et équilibré aux errances d'une élite peau de chagrin. Malheureusement, les résultats obtenus par la commission de contrôle de gestion quand celle-ci s'est intéressée aux clubs de N1 (cinq clubs sur quatorze avaient une situation financière vraiment saine) prouve que le mal est plus profond.

Mais la division 1 présente bel et bien un visage alléchant, dans la mesure où le passage à une poule unique a été salué par tous. Elle est même un vrai soulagement pour les éternels battus de la première phase, Strasbourg et Tours. Les forces en présence semblent équilibrées, et les pronostics difficiles. Du tenant du titre au promu, beaucoup de clubs pourraient légitimement prétendre à la victoire finale. Mais la grande densité implique que, s'il y aura sans doute quelques bonnes surprises, il risque surtout d'y avoir quelques cruelles déceptions au rendez-vous. Il n'y aura pas de places en play-offs pour tout le monde.

Si Villard-de-Lans n'a pas joué le jeu et a refusé la promotion sportive, plusieurs de ses joueurs n'ont eux pas hésité à franchir le pas vers l'élite : Bellier à Rouen, Bargman à Angers et Maynard à Grenoble. Ajoutez à cela les départs de Bellemare et Margerit, et c'est une bonne partie de l'équipe qu'il faut rebâtir. Heureusement, le gardien Pascal Favarin et le très prometteur Alexandre Goncalves sont toujours là. La défense s'est renforcée du Strasbourgeois Sébastien Berges et surtout de Christopher Lepers, ex-international passé par Reims et Grenoble et qui espère relancer sa carrière en devenant un des joueurs majeurs de nationale 1. Du niveau des deux recrues venues des Etats-Unis (Smith et Moynihan) dépendra sans doute en grande partie la capacité de Villard-de-Lans à défendre un titre fort convoité, en premier lieu par ses rivaux traditionnels.

On pense bien sûr à Briançon, si ce club sait garder la tête froide au lieu de ses bercer de rumeurs d'élite. Il est tout de même curieux de constater que l'élite y est tour à tour considérée comme allant de soi ou comme une impossibilité, suivant le vent politique, alors que les structures du club sont strictement les mêmes. C'est un exemple du manque de maturité du hockey français, alors que l'un des plus chauds publics de France préfèrerait sans doute que tout cela puisse se régler sur la glace. Il ne demande qu'à s'enflammer, d'autant que la formation qui prendra ses quartiers dans la patinoire rénovée de Briançon est tout ce qu'il y a de plus intéressante, et est digne d'une des places fortes du hockey français que la cité aux fortifications construites par Vauban ne pouvait que revendiquer. Elle devrait en particulier disputer à Villard le titre de meilleure défense, avec les arrivées du vétéran franco-tchèque Martin Roh (seul étranger), du Grenoblois Fred Borgnet ou du Gapençais Jean-François Cal, dont le frère Laurent suppléera un des meilleurs espoirs français au poste de gardien, Julien Figved. L'ex-Caennais Bertrand Pousse viendra pour sa part renforcer l'attaque.

Autre club qui cultive depuis plus récemment (la finale de Nationale 1 1999 pour être précis) une rivalité avec Villard, Clermont-Ferrand. Les deux dernières saisons ont été très tourmentées, et on espère que l'arrivée de Martin Cadorette au poste d'entraîneur permettra enfin de retrouver un peu de stabilité. La rugosité défensive devrait y être de mise, à l'image du Canadien Eric Jenkins. Les Sangliers Arvernes ont accueilli de nombreux anciens Castelvirois, Sébastien Trabach, Yann Lecompère (international des moins de 20 ans) et Julien Peyre. Ce dernier, lui aussi ex-international junior, sera en concurrence avec Fabien Chardon pour assumer la difficile succession du Finlandais Ilpo Kauhanen. Si le Canadien Phil Badin effectue son retour dans la capitale auvergnate, une des figures du club, David Sarliève, a décidé de partir.

Epinal est lui aussi un habitué des hautes cimes de Nationale 1 et aurait pu se présenter avec de très grandes ambitions si le départ impromptu du Canadien Curtis Main à quelques semaines du début de la saison n'avait pas jeté le trouble. Il va aussi falloir digérer le 2-13 en amical contre Mulhouse après avoir mené 2-0. La blessure de Haapasaari a ainsi montré combien il serait une pièce indispensable, au même titre bien sûr que Tomas Mysicka. Il est rejoint par ses compatriotes tchèques Kladek et Vorel (défenseur décevant à Viry, peut-être plus adapté à la N1) et par Bora Ilic (fils de Dusan, ex-entraîneur d'Epinal et Viry) qui revient du Canada. L'Amiénois Christophe Ribanelli constitue également une attraction, tandis que Julien Labat, après avoir fait son temps comme doublure à Strasbourg et Mulhouse, veut gagner sa place de titulaire dans les cages. Mais il n'y a plus de joueur de la trempe de l'international estonien Mikhaïl Kozlov, alias "Monsieur Plus" dans les Vosges, pour faire office de joker.

Nantes a recruté avant tout "local", à Cholet (David Guérard) et surtout à Angers, d'où arrivent Thomas Ouillade, Sylvain Girard et les jeunes Tijou (Benjamin, frère de Geoffroy) et Deles. Le gardien dijonnais Philippe Ranger remplacera par ailleurs un des meilleurs produits de la formation nantaise, Paul Charret, qui remplacera son collègue de la génération 1981, Christophe Burnet, à Rouen. Les Corsaires ont déjà réussi un "coup" en battant Angers en amical. Mais si leurs quatre confrontations face à des clubs d'élite (deux fois Anglet et deux fois Angers) leur ont permis de se préparer au haut niveau, elles ont aussi mis en lumière un certain manque de régularité dans leurs performances. Espérons que cela est juste dû à la difficulté de se mettre au niveau d'une équipe d'élite pendant une longue période, car cette régularité sera justement primordiale pour atteindre les play-offs avec l'avènement de la poule unique.

Après avoir étonné tout le monde l'an passé comme promu, Dijon est cette fois attendu au tournant. Les Ducs auront encore de beaux atouts à faire valoir avec deux excellentes recrues : l'attaquant castelvirois Jérôme Mô et le gardien Frantisek Neckar. Le Tchèque est arrivé sans son équipement, gardé en otage par le président mulhousien Claude Bauer avec lequel il est toujours en conflit. Le match amical face aux Alsaciens a du coup été annulé.

Si Dijon avait été peu surveillé, ce n'est pas le cas de Besançon, qui débarque avec la réputation de véritables terreurs. Invaincus en division 2, les Séquanes d'Alain Pivron ont vu partir leur principaux cadres français(Thomas appert à Nice, David Meister et Benoît Parmentier à Avignon, Dany Parra à Gap), mais ont encore renforcé leur armada étrangère, allant notamment chercher des Finlandais évoluant en division 1, soit au deuxième niveau national, Sinkkonen du FPS Forssa et Mickelsson du TuTo Turku, mais surtout un jeune Russe de 18 ans formé à l'école du CSKA, Andreï Chelichev. Besançon a la ferme intention de jouer les premiers rôles, d'autant qu'ils pourront compter sur un excellent gardien avec Stéphane Ménard (ex-Viry). Alors, le promu est-il capable de décrocher le titre ? Faites vos jeux...

Deux autres équipes qui se morfondaient en poule de maintien affichent de plus grandes ambitions. Pour Tours, c'est une habitude. Chaque année, on promet monts et merveilles aux supporters tourangeaux, qui ont surtout appris la méfiance. Bob Millette n'échappera pas à la règle. Ancien joueur de Tours du temps de l'élite, son parcours d'entraîneur est controversé. Lui affirme vouloir responsabiliser les joueurs et ne pas faire de cadeaux à ceux qui ne donneront pas tout sur la glace. Il a ainsi fait jouer ses contacts pour faire venir un recrutement pléthorique, quitte à montrer la porte aux moins convaincants par la suite. Une douzaine de joueurs ont débarqués, de l'Extraliga slovaque, des ligues mineures américaines, du Québec... N'en jetez plus ! Mais ces noms ont laissé les supporters plus dubitatifs qu'admiratifs. Ils ne prennent plus les vessies pour des lanternes et s'interrogent. Les autres équipes aussi, qui se demandent comment un tel effectif a pu être constitué avec une enveloppe budgétaire de 500 000 francs, tant cela relève de la blague. Et s'il est quelque chose qu'on n'a pas envie de connaître à nouveau à Tours, c'est bien un dépôt de bilan et un retour à la case départ, comme après les dernières années en élite, du temps de l'incroyable buteur Jean-François Sauvé et de... Bob Millette.

Strasbourg a également beaucoup déçu ces dernières années. Mais l'époque où un départ catastrophique (dû à la disponibilité tardive de la patinoire qui obligeait à commencer la saison à l'extérieur et à accumuler un retard jamais rattrapé) était rédhibitoire est terminé du fait de la poule unique. L'effectif qui a pas mal bougé, en partie du fait des évolutions des études des uns et des autres, aura ainsi le temps de se connaître. Car si la ligne Hohnadel - Desrossiers - Schuchewytsch a de très bons automatismes, le premier bloc composé de trois fortes individualités, Sevcik (Nitra, Slovaquie), de Flinck (venu du rival mulhousien) et de McMellan (Boston College, champion NCAA), est encore en rodage.

Bien loin des agitations de Besançon et Tours, les clubs alpins poursuivent leur petit bonhomme de chemin avec les joueurs du cru, qui se feront comme d'habitude un plaisir de donner à l'occasion la leçon à ces armadas étrangères. Saint-Gervais, qui s'affirme encore une fois comme une destination privilégiée des jeunes Anneciens avec Gabriel Piou, enregistre aussi le retour de Yann Vannienwenhove qui a goûté à l'élite à Viry, et accueille le Strasbourgeois Guillaume Duclos. L'objectif sera encore de se faire une place en play-offs face à une concurrence rude, et ce sans Yaël Cravero, qui a pris sa retraite.

Megève voit avec délectation le retour de Patrice Fleutot, qui amène avec lui de Grenoble Romain Carry. Ajoutez à cela Cyril Trabichet (ex-Viry), et les Boucs répondront présents, au moins en attaque. Mais la défense s'apprête à vivre des heures difficiles compte tenu des effectifs annoncés en face.

C'est aussi un retour qui fait l'actualité à Gap, celui de Patrick Turcotte après quelques saisons à Mulhouse. Déjà pressenti l'an passé, Billy Combe prendra cette fois-ci effectivement en mains les rênes du club qui, avec un effectif toujours aussi jeune, visera le maintien.

Le maintien, voilà un terme auquel il a fallu s'habituer l'an dernier à Dunkerque. Fini les six Suédois, mais fini aussi le trou dans la caisse. On est reparti de manière plus sage, et cela ne s'est pas fait sans sueurs froides, le spectre de la relégation ne s'éloignant qu'à la dernière journée. Robert Vajo est remplacé dans les buts par le Suédois Andreas Asblad (qui vient d'Åker), et Miroslav Capka et Arnaud Declerck par le Canadien Daniel Saint-Amand (venu de Nantes) et un défenseur encore déterminer. Le Finlandais Petri Halme (des juniors du Kärpät Oulu) n'a finalement pas été conservé après les premiers entraînements, étant trop doué mais du coup trop cher pour le club. Il s'agit maintenant pour les Corsaires de commencer à remonter la pente sur des bases plus saines.

Pour Cergy, cette saison s'annonce encore plus difficile que les précédentes puisque la relégation de Cholet fait reprendre aux Jokers le flambeau de petit poucet. Le club francilien concrétise encore ses efforts de formation (dont est issu Nicolas Courally, parti à Anglet) en permettant à ses juniors excellence de rejoindre le championnat juniors élite. La lutte pour le maintien sera difficile, même si on ne sait pas très bien de quoi exactement il retournera en fin de saison, et si la fédération se décidera ou non à refondre les championnats, auquel cas une Nationale 1B semblerait parfaitement convenir à Cergy pour continuer son développement.

Marc Branchu

 

PS : le fait que Mulhouse ait décidé de se conformer au gentleman agreement de la ligue élite (6 étrangers) a bouleversé les cartes en division 1. Un accord a en effet été passé avec Epinal qui récupère deux de ses vieilles gloires, Cyrille David (pour qui l'élite imposait trop de contraintes vis-à-vis de son travail) et Roman Trebaticky (pas encore naturalisé). Le Slovaque Miroslav Pazak aurait pu suivre le même chemin, mais il a finalement été envoyé à Dunkerque en échange de l'arrivée du prometteur Mathieu Bécuwe (que Dunkerque avait réussi à conserver un an encore) l'été prochain. Epinal devient ainsi un candidat très crédible pour le titre avec ces jokers et Dunkerque peut viser les play-offs.

 

Retour à la rubrique articles