Renato Tosio, l'adieu à un mythe

 

Un des plus grands gardiens de l'histoire du hockey suisse vient de prendre sa retraite. Renato Tosio est rentré dans la légende par sa longévité dans les cages du SC Berne.

L'honneur de mettre fin à la carrière de Renato Tosio est revenu à un autre vétéran, Jean-Jacques Aeschlimann, qui compte lui aussi plus de sept cents matches en LNA. En transformant deux tirs au but lors de la même séance, il a été l'artisan de la qualification en finale de Lugano. Mais les vainqueurs comme les vaincus du jour se sont rassemblés pour fêter Renato Tosio, qui a reçu l'ovation des dix-sept mille spectateurs de l'Allmend de Berne.

<< Quand Aeschlimann a marqué le tir au but décisif, le monde m'est tombé dessus. J'ai ressenti une grande émotion : j'ai compris que j'avais atteint la ligne d'arrivée. Mais maintenant encore je ne me rends pas compte d'avoir terminé ma carrière. >> Voilà les premiers mots qu'a confié Tosio à la télévision suisse allemande à l'issue de la partie. Il en prendra peut-être mieux conscience lors du jubilé qui sera organisé en son honneur, à la fin de l'été à Berne.

Tosio aura prouvé son grand talent jusqu'au bout, réalisant une dernière partie magistrale, et soutenant toujours la comparaison dans un championnat où les grands gardiens ne manquent pas : Reto Pavoni, Ari Sulander, Lars Weibel, et bien sûr le Français Cristobal Huet, son vis-à-vis en demi-finale. Tosio a accueilli les yeux embués cet hommage, qui lui a prouvé qu'il a choisi le bon moment pour prendre sa retraite, une décision dont il avait fait part depuis longtemps : << Je remercie de tout cœur, parce que les chœurs et les festivités de l'autre soir ont été la confirmation que je n'ai pas été pour ceux qu'un simple gardien >>.

Car Renato Tosio n'est pas un joueur comme les autres ; c'est une légende. Quatorze saisons durant, il a défendu les buts de Berne. En y ajoutant ses premières saisons dans l'élite à Coire (dès le championnat 1979/80), il a disputé 872 matches au plus haut niveau national, au cours desquels il a réalisé la bagatelle de 36 blanchissages, record du championnat. Mieux encore, jusqu'à cette soirée d'adieux mémorable, il a disputé 691 matches consécutifs (dont 655 sans discontinuer depuis qu'il a rejoint Berne, en 1987, lorsque Coire a été relégué en LNB), ce qui constitue un record impressionnant. Par comparaison, le record correspondant en NHL, malgré le nombre de matches bien supérieur, est de 551 apparitions consécutives, et est la propriété de Glenn Hall (ancien joueur de Detroit et Chicago).

Cette longévité, il la doit à une alimentation et à une préparation physique soignées, qui lui ont évité blessures et maladies, hormis deux blessures au ménisque. Pourtant, Tosio avait connu un grave accident à l'âge de 15 ans : alors qu'il évoluait en juniors avec Coire, le patin d'un coéquipier est passé sur son coup, occasionnant une forte hémorragie, dont il put heureusement se remettre.

Depuis ce temps, Tosio, avec son style agressif, qui peut l'amener à aller jouer avec maîtrise le palet loin de son but, mais surtout avec un incontestable charisme de leader, a amené Berne à quatre titres de champion, en 1989, 1991, 1992 et 1997, et a également revêtu à 184 reprises le maillot national suisse. Avec sa sélection, il a joué cinq Mondiaux A et cinq Mondiaux B, et a également disputé les Jeux Olympiques d'Albertville en 1992.

Maintenant, Tosio s'apprête à commencer sa reconversion. Ce poste de directeur sportif que Berne n'a pas voulu lui offrir, il l'a trouvé chez le seul autre club qu'il aura connu dans sa carrière, Coire, ville où il est né le 16 novembre 1964, et où il a appris le hockey. Il y retournera donc avec sa femme Nicole, tout en continuant à jouer au hockey, mais dans la catégorie vétérans... et comme attaquant !

Au sein d'un club promu cette année en LNA, et qui lutte ces jours-ci pour son maintien, un nouveau challenge s'offre à Tosio : l'installer durablement au plus haut niveau suisse.

Marc Branchu

 

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