NHL 1972/73
La NHL, qui n'avait pas prévu d'expansion tout de suite, est forcée de réagir dans la précipitation à la création de la WHA, dangereux rival qui lui a pris la star Bobby Hull. Elle veut absolument priver cette ligue concurrente de marchés importants, et crée deux nouvelles franchises, les Flames d'Atlanta et les Islanders de New York, afin d'y occuper immédiatement deux salles qui viennent d'ouvrir. En particulier, elle réussit à s'entendre avec le Comté de Nassau pour s'installer une équipe dans le Coliseum neuf de 16 000 places qui vient d'ouvrir, en interdisant dans le contrat de location la présence conjointe d'un rival. Les "New York Raiders", qui devaient être la franchise-clé de la WHA, sont contraints de jouer au Madison Square Garden, sous la concurrence directe des populaires Rangers, et ne tiendront pas deux ans. La NHL a donc réussi à couper l'herbe sous le pied de sa rivale dans le marché new-yorkais, le plus gros du pays.
Classements (78 matches)
Division est
Pts V N D BP-BC Diff 1 Canadiens de Montréal 120 52 16 10 329-184 +145 2 Boston Bruins 107 51 5 22 330-235 +95 3 New York Rangers 102 47 8 23 297-208 +89 4 Buffalo Sabres 88 37 14 27 257-219 +38 5 Detroit Red Wings 86 37 12 29 265-243 +22 6 Toronto Maple Leafs 64 27 10 41 247-279 -32 7 Vancouver Canucks 53 22 9 47 233-339 -106 8 New York Islanders 30 12 6 60 170-347 -177
La bataille d'échecs en coulisses entre les deux ligues n'a pas laissé les New York Islanders indemnes. Un repêchage d'expansion devait certes leur permettre de se constituer un effectif en piochant dans les équipes existantes, mais 7 joueurs sur 20 ont préféré signer un contrat lucratif en WHA plutôt que de rejoindre la franchise débutante, qui subit un record de soixante défaites.
Detroit rate les play-offs pour deux points et les règlements de compte commencent. Licencié, l'entraîneur Johnny Wilson accuse ses supérieurs d'être intervenu dans son travail et d'avoir diminué sa valeur auprès du président, mais le manager Ned Harkness réplique que Wilson avait promis en janvier qu'il démissionnerait en cas de non-qualification : "Je lui ai demandé de s'en tenir à sa parole, mais il a refusé en disant qu'il faudrait le congédier.
Division ouest
Pts V N D BP-BC Diff 1 Chicago Black Hawks 93 42 9 27 284-225 +59 2 Philadelphia Flyers 85 37 11 30 296-256 +40 3 Minnesota North Stars 85 37 11 30 254-230 +24 4 Saint Louis Blues 76 32 12 34 233-251 -18 5 Pittsburgh Penguins 73 32 9 37 257-265 -8 6 Los Angeles Kings 73 31 11 36 232-245 -13 7 Atlanta Flames 65 25 15 38 191-239 -48 8 California Golden Seals 48 16 16 46 213-323 -110
Les Golden Seals, qui avaient semblé reprendre une pente ascendante, sont la principale victime de la WHA, qui leur prend cinq de leur dix meilleurs marqueurs. En refusant de s'aligner sur les propositions concurrentes, le propriétaire Charlie Finley subit l'exode de ses joueurs, comprend qu'il n'aura pas le même succès que dans le baseball et commence déjà à chercher désespérément un repreneur.
Meilleurs marqueurs de la saison régulière
MJ B A Pts +/- Pén 1 Phil Esposito Boston 78 55 75 130 +16 87' 2 Bobby Clarke Philadelphie 78 37 67 104 +32 80' 3 Bobby Orr Boston 63 29 72 101 +56 99' 4 Rick MacLeish Philadelphie 78 50 50 100 +15 69' 5 Jacques Lemaire Montréal 77 44 51 95 +59 16' 6 Jean Ratelle NY Rangers 78 41 53 94 +24 12' 7 Mickey Redmond Detroit 76 52 41 93 +6 24' 8 Johnny Bucyk Boston 78 40 53 93 +18 12' 9 Frank Mahovlich Montréal 78 38 55 93 +42 51' 10 Jim Pappin Chicago 76 41 51 92 +25 82' 11 Marcel Dionne Detroit 77 40 50 90 -4 21' 12 Dennis Hull Chicago 78 39 51 90 +28 27' 13 Hubert "Pit" Martin Chicago 78 29 61 90 +27 30' 14 Gilbert Perreault Buffalo 78 28 60 88 +11 10' 15 Syl Apps jr Pittsburgh 77 29 56 85 +25 18'
Meilleurs gardiens
Min Moy. 1 Ken Dryden Montréal 3165 2,26 (Vézina) 2 Gilles Villemure NY Rangers 2040 2,29 3 Tony Esposito Chicago 3340 2,51 4 Roy Edwards Detroit 3012 2,63 5 Dave Dryden Buffalo 2018 2,65 6 Roger Crozier Buffalo 2633 2,76 7 Jacques Plante Toronto/Bos. 2197 2,81 8 Doug Favell Philadelphie 2419 2,83
Les trophées
Meilleur joueur (trophée Hart) : Bobby Clarke (Philadelphia Flyers).
Meilleur joueur élu par ses pairs (trophée Lester B. Pearson) : Phil Esposito (Boston Bruins).
Meilleur défenseur (trophée Norris) : Bobby Orr (Boston Bruins).
Meilleure recrue (trophée Calder) : Steve Vickers (New York Rangers).
Fair-play (trophée Lady Byng) : Gilbert Perreault (Buffalo Sabres).
Persévérance (trophée Masterton) : Lowell MacDonald (Pittsburgh Penguins).
Première équipe all-star : Ken Dryden (Montréal) ; Bobby Orr (Boston) - Guy Lapointe (Montréal) ; Frank Mahovlich (Montréal) - Phil Esposito (Boston) - Mickey Redmond (Detroit).
Deuxième équipe all-star : Tony Esposito (Chicago) ; Brad Park (NY Rangers) - Bill White (Chicago) ; Dennis Hull (Chicago) - Bobby Clarke (Philadelphie) - Yvan Cournoyer (Montréal).
Play-offs
Quarts de finale (4, 5, 7, 8, 10 et 12 avril 1973)
Montréal - Buffalo 2-1 (0-0,1-1,1-0) Montréal - Buffalo 7-3 (0-2,5-0,2-1) Buffalo - Montréal 2-5 (0-1,1-2,1-2) Buffalo - Montréal 5-1 (0-1,2-0,3-0) Montréal - Buffalo 2-3 a.p. (1-0,0-2,1-0,0-1) Buffalo - Montréal 2-4 (0-4,0-0,2-0) Philadelphie - Minnesota 0-3 (0-0,0-2,0-1) Philadelphie - Minnesota 4-1 (1-0,3-0,0-1) Minnesota - Philadelphie 5-0 (1-0,0-0,4-0) Minnesota - Philadelphie 0-3 (0-1,0-0,0-2) Philadelphie - Minnesota 3-2 a.p. (1-1,1-0,0-1,1-0) Minnesota - Philadelphie 1-4 (1-0,0-3,0-1) Chicago - Saint Louis 7-1 (2-0,3-0,2-1) Chicago - Saint Louis 1-0 (1-0,0-0,0-0) Saint Louis - Chicago 2-5 (2-3,0-1,0-1) Saint Louis - Chicago 5-3 (1-2,3-0,1-1) Chicago - Saint Louis 6-1 (2-0,2-1,2-0) Boston - New York Rangers 2-6 (1-1,0-4,1-1) Boston - New York Rangers 2-4 (1-1,1-2,0-1) New York Rangers - Boston 2-4 (1-1,0-1,1-2) New York Rangers - Boston 4-0 (2-0,2-0,0-0) Boston - New York Rangers 3-6 (2-3,0-1,1-2)
Le champion en titre Boston est éliminé après avoir perdu son meilleur marqueur Phil Esposito, blessé au genou droit lors du deuxième match. Après des années d'échecs cuisants, les Flyers de Philadelphie passent enfin un tour, au point que le but en prolongation de Gary Dornhoefer, qui a fait tourner la série, sera immortalisé par une statue aux abords du Spectrum.
Demi-finales
12, 15, 17, 19 et 24 avril 1973
Chicago - New York Rangers 1-4 (1-1,0-0,0-3) Chicago - New York Rangers 5-4 (3-1,2-3,0-0) New York Rangers - Chicago 1-2 (0-1,1-0,0-1) New York Rangers - Chicago 1-3 (0-0,0-1,1-2) Chicago - New York Rangers 4-1 (1-0,1-1,2-0)
Après leur défaite initiale, les Black Hawks ouvrent quatre fois le score dans les parties suivantes, ce qui leur permet de verrouiller leur défense devant le gardien Tony Esposito. Ils ont cependant perdu leur meilleur arrière Keith Magnuson : ce bagarreur dur au mal se jette devant un slap de Brad Park à 3 contre 5 et a la mâchoire fracturée. Il tient à quitter la glace sur ses patins et n'accepte comme aide qu'une serviette pour s'essuyer. Après 75 points de suture, il portera un masque protecteur pour l'entraînement, mais son coach Billy Reay ne le laissera jamais revenir en situation de match pour la finale.
14, 17, 19, 22 et 24 avril 1973
Montréal - Philadelphie 4-5 a.p. (1-1,1-1,2-2,0-1) Montréal - Philadelphie 4-3 a.p. (1-2,1-1,1-0,1-0) Philadelphie - Montréal 1-2 (0-2,1-0,0-0) Philadelphie - Montréal 1-4 (1-0,0-3,0-1) Montréal - Philadelphie 5-3 (1-1,1-1,3-1)
Le défenseur Larry Robinson, qui a débuté cette saison dans les rangs de Montréal en remplacement de Jean-Claude Tremblay (unique joueur des Canadiens parti en WHA, chez les Nordiques de Québec), inscrit le but en prolongation qui remet les Canadiens sur les bons rails. L'entraîneur Scotty Bowman commente ce but en égratignant les joueurs adverses : "Si Gary Dornhoefer arrête Robinson devant notre banc, celui-ci ne se rend jamais à la ligne bleue. Je le mentionne parce que tout ce dont Philadelphie parle, c'est de mettre son rival en échec. Au lieu de le faire, Dornhoefer a coupé à l'intérieur. Je ne crois pas que aurions égalisé en troisième période si Dave Schultz n'avait pas été assigné pour couvrir Cournoyer, ce qu'il est incapable de faire."
Fred Shero, l'entraîneur de Philadelphie, dressera plutôt un hommage après l'élimination des siens : "Je crois que Henri Richard a été le meilleur joueur dans la série. Lui et Bobby Clarke sont rentrés en contact plus que tous les autres joueurs. Les bons joueurs ne dédaignent pas les contacts, ils s'en réjouissent."
Finale (29 avril, 1er, 3, 6, 8 et 10 mai 1973)
Montréal - Chicago 8-3 (2-3,2-0,4-0) Montréal - Chicago 4-1 (1-0,1-1,2-0) Chicago - Montréal 7-4 (4-0,1-1,2-3) Chicago - Montréal 0-4 (0-1,0-2,0-1) Montréal - Chicago 7-8 (2-2,3-5,2-1) Chicago - Montréal 4-6 (2-1,2-3,0-2)
Les Canadiens ne sont qu'à une encablure de la victoire après un quatrième match qualifié de "parfait" par leurs adversaires, mais au lieu de conclure à domicile, ils se laissent entraîner dans un festival offensif inhabituel qui fait de cette finale la plus prolifique de l'histoire. Le surlendemain, ils sont menés de deux buts quand Henri Richard montre la voie de la remontée par un but à douze secondes de la première pause. C'est Yvan Cournoyer qui signe le but décisif au rebond d'un lancer de Jacques Lemaire qui a heurté la baie vitrée.
Les deux hommes finissent avec un record. Avec 15 buts en play-offs, Cournoyer dépasse la marque établie deux ans plus tôt par son coéquipier Frank Mahovlich. Quant au capitaine Henri Richard, il soulève la Coupe Stanley pour la onzième fois : il égale ainsi le record du sport nord-américain établi quatre ans plus tôt par le basketteur Bill Russell.
Meilleur joueur des play-offs (trophée Conn-Smythe) : Yvan Cournoyer (Canadiens de Montréal).
Meilleurs marqueurs des play-offs :
MJ B A Pts Pén 1 Yvan Cournoyer Montréal 17 15 10 25 2' 2 Dennis Hull Chicago 16 9 15 24 4' 3 Frank Mahovlich Montréal 17 9 14 23 6' 4 Jacques Lemaire Montréal 15 7 13 20 2' 5 Stan Mikita Chicago 15 7 13 20 8' 6 Pat Stapleton Chicago 16 2 15 17 10' 7 Hubert "Pit" Martin Chicago 15 10 6 16 6' 8 Jim Pappin Chicago 16 8 7 15 24'
La saison précédente (1971/72)