NHL 1937/38

 

La règle du dégagement interdit ("icing") est introduite en septembre 1937 : les équipes n'ont plus de droit de dégager le palet depuis leur zone défensive jusqu'au bout de la patinoire, sauf lorsqu'elles sont en infériorité numérique. Cette innovation évite les stratégies défensives ne visant qu'à gagner du temps.

 

Division canadienne (48 matches)

                           Pts    V VP  N  DP D     BP-BC   Diff
1 Toronto Maple Leafs       57   23  1  9  0  15   151-127  +24
2 New York Americans        49   19  0 11  1  17   110-111  -1
3 Canadiens de Montréal     49   16  2 13  3  14   123-128  -5
4 Montreal Maroons          30   11  1  6  2  28   101-149  -48

Les New York Americans ont recruté le gardien Earl Robertson, auréolé de son apparition décisive dans la conquête de la Coupe Stanley par Détroit au printemps, et qui s'entraîne hors glace avec application en menant une vie d'ascète. Ils ont aussi recruté deux vétérans en fin de carrière, Hap Day et Ching Johnson, pour mieux partager le temps de glace entre cinq défenseurs d'expérience. Ils encaissent beaucoup moins de buts et redeviennent compétitifs. Ce sont donc les Maroons qui manquent les play-offs : ils ont embauché comme coach un débutant, le meilleur marqueur de l'histoire parmi les défenseurs de NHL King Clancy, mais celui-ci démissionne le 30 décembre et deviendra arbitre. Le manager Tommy Gorman reprend alors place sur le banc, mais son bilan final est encore moins bon et les Maroons sont bons derniers.

Division américaine (48 matches)

                           Pts    V VP  N  DP D     BP-BC   Diff
1 Boston Bruins             67   27  2  7  0  11   142-89   +53
2 New York Rangers          60   26  1  6  1  13   149-96   +53
3 Chicago Black Hawks       37   14  0  9  0  25    97-139  -42
4 Detroit Red Wings         35   12  0 11  0  25    99-133  -34

Normie Smith ne semble pas s'être complètement remis de la blessure au bras qui lui a fait rater la dernière ligne droite dans la conquête de la dernière Coupe Stanley. La baisse de performance de leur gardien fait plonger Detroit, le tenant du titre, au fond du classement. Les Red Wings ne sont jamais en position de se qualifier en font simplement illusion en raccourcissant l'écart avec Chicago quand les jeux sont déjà faits.

 

Meilleurs marqueurs de la saison régulière

                                      MJ    B   A  Pts   Pén
 1 Gordie Drillon       Toronto       48   26  26   52    4'
 2 Syl Apps             Toronto       47   21  29   50    9'
 3 Paul Thompson        Chicago       48   22  22   44   14'
 4 Georges Mantha       M. Canadiens  47   23  19   42   12'
 5 Cecil Dillon         NY Rangers    48   21  18   39    6'
 6 Bill Cowley          Boston        48   17  22   39    8'
 7 Sweeney Schriner     NY Americans  48   21  17   38   22'
 8 Bill Thoms           Toronto       48   14  24   38   14'
 9 Clint Smith          NY Rangers    48   14  23   37    0'
10 Nels Stewart         NY Americans  48   19  17   36   29'
11 Neil Coville         NY Rangers    45   17  19   36   11'
12 Alex Shibicky        NY Rangers    48   17  18   35   26'
13 Paul Haynes          M. Canadiens  48   13  22   35   25'
14 Bobby Bauer          Boston        48   20  14   34    9'
15 Busher Jackson       Toronto       48   17  17   34   18'

Meilleurs gardiens

                                      MJ    Min    Moy. 
1 "Tiny" Thompson       Boston        48   2970    1,80 (Vézina)
2 Dave Kerr             NY Rangers    48   2960    1,95
3 Earl Robertson        NY Americans  48   3000    2,22
4 Wilf Cude             M. Canadiens  47   2990    2,53
5 Turk Broda            Toronto       48   2980    2,56
6 Normie Smith          Detroit       47   2930    2,66
7 Mike Karakas (USA)    Chicago       48   2970    2,81
8 Bill Beveridge        M. Maroons    48   2970    3,01

 

Les trophées

Meilleur joueur (trophée Hart) : Eddie Shore (Boston Bruins).

Meilleure recrue (trophée Calder) : Cully Dahlstrom (Chicago Black Hawks).

Fair-play (trophée Lady Byng) : Gordie Drillon (Toronto Maple Leafs).

Meilleur entraîneur : Lester Patrick (New York Rangers).

Première équipe all-star : "Tiny" Thompson (Boston) ; Babe Siebert (Canadiens M.) - Eddie Shore (Boston) ; Paul Thompson (Chicago) - Bill Cowley (Boston) - Gordie Drillon* (Toronto) et Cecil Dillon* (NY Rangers).

Deuxième équipe all-star : Dave Kerr (NY Rangers) ; Art Coulter (NY Rangers) - Earl Seibert (Chicago) ; Toe Blake (Canadiens M.) - Syl Apps (Toronto) - *.

* Drillon et Dillon ont terminé ex-æquo aux votes : il y a donc deux joueurs sur la première équipe-étoile et aucun sur la seconde

 

Play-offs

Tour préliminaire (22, 24 et 26/27 mars 1938)

Canadiens de Montréal - Chicago Black Hawks 6-4 (1-1,2-1,3-2)
Chicago Black Hawks - Canadiens de Montréal 4-0 (1-0,0-0,3-0)
Canadiens de Montréal - Chicago Black Hawks 2-3 a.p. (0-1,1-0,1-1,0-1)

New York Americans - New York Rangers 2-1 a.p. (0-1,1-0,0-0,0-0,1-0)
New York Rangers - New York Americans 4-3 (1-0,2-1,1-2)
New York Americans - New York Rangers 3-2 a.p. (0-0,0-2,2-0,0-0,0-0,0-0,1-0)

Les Black Hawks échappent à l'élimination grâce à une égalisation providentielle à la surprise générale à Montréal sur un lancer lointain du défenseur Earl Seibert à 1'26" de la fin, puis grâce au but vainqueur de Paul Thompson en prolongation. Le lendemain, dans le derby new-yorkais, Lorne Carr qualifie les Americans après 120 minutes et 40 secondes de jeu.

 

Demi-finale entre les deux premiers de saison régulière (24, 26 et 29 mars 1938)

Toronto - Boston 1-0 a.p. (0-0,0-0,0-0,0-0,1-0)
Toronto - Boston 2-1 (0-0,1-0,1-1)
Boston - Toronto 2-3 a.p. (0-0,0-1,2-1,0-1)

Les Boston Bruins, qui ont dominé la saison, butent sur le gardien Turk Broda. Les Maple Leafs se qualifient étonnamment en trois manches sèches avec des buts décisifs de George Parsons, qui met fin à 81'31" sans que les filets ne tremblent au match 1, puis de Gordie Drillon à deux reprises. Le grand ailier Drillon, qui pratique l'art de la déviation pendant des heures à l'entraînement avec son centre Syl Apps, s'est imposé comme le tireur le plus précis de la NHL (le tireur le puissant étant un autre joueur de Toronto, Charlie Conacher).

 

Demi-finale de repêchage entre les vainqueurs du tour préliminaire (29, 31 mars et 3 avril 1938)

New York Americans - Chicago 3-1 (0-1,1-0,2-0)
Chicago - New York Americans 1-0 a.p. (0-0,0-0,0-0,0-0,1-0)
New York Americans - Chicago 2-3 (1-0,0-2,1-1)

Les "Amerks" croient bien se qualifier pour leur première finale quand Nels Stewart inscrit un but apparemment gagnant dans les dernières secondes du match 2, mais l'arbitre Clarence Campbell refuse le but parce qu'Eddie Wiseman était dans la zone du gardien. C'est donc Cully Dahlstrom qui marque en deuxième prolongation : les Black Hawks s'en sortent une fois de plus en revenant de loin.

 

Finale (5, 7, 10 et 12 avril 1938)

Toronto - Chicago 1-3 (1-1,0-1,0-1)
Toronto - Chicago 5-1 (1-1,1-0,3-0)
Chicago - Toronto 2-1 (0-1,1-0,1-0)
Chicago - Toronto 4-1 (1-1,2-0,1-0)

Le président de la NHL Frank Calder est tellement certain de la victoire des Maple Leafs qu'il fait transporter la Coupe Stanley à Toronto avant la finale (et ne la fait même pas déplacer quand Chicago se met à mener dans la série). Il faut dire que les experts sont unanimes : l'équipe de Toronto est plus jeune, plus rapide, plus physique. En plus, Chicago doit commencer la série sans son gardien Mike Karakas, qui s'est cassé le gros orteil. Sa doublure Paul Goodman ne peut arriver à temps : le coach Bill Stewart espère obtenir le droit d'utiliser le gardien vedette des Rangers, Dave Kerr, mais Conn Smythe, le manager des Maple Leafs de Toronto, s'y oppose fermement (ce qui provoquera une bagarre à l'hôtel entre les deux rivaux Stewart et Smythe).

C'est le capitaine Johnny Gottselig qui trouve la solution en dénichant le gardien Alfie Moore, qui habite Toronto. Mais s'il ne joue plus en NHL, c'est parce qu'il a un petit problème avec l'alcool... On part à sa recherche dans les bars de la ville, et quand on le trouve, il a déjà bu une douzaine de verres. Bill Stewart - qui ne boit pas - est révulsé à l'idée de faire jouer cet ivrogne en vêtements crasseux qu'on lui présente, mais il n'a simplement pas d'autre choix. Les joueurs des Blackhawks le passent sous la douche froide et lui font boire des litres de café pour le faire décuver ; clin d'œil amusant, le propriétaire des Black Hawks, Frederic McLaughlin, a justement fait fortune dans le café. Réputé avare, il acceptera de donner 300 dollars et une montre en or à Alfie Moore, qui non seulement est prêt à jouer le soir mais remporte le match. La NHL déclare le pigiste Moore inéligible pour la suite, dès lors que le vrai numéro 2 Goodman est prêt à jouer le match suivant (qu'il perd). Karakas, rétabli, reprend sa place quand la série se poursuit au Chicago Stadium. Ces inattendus Black Hawks - pire attaque du championnat - remportent la Coupe au match 4, qui bascule sur deux buts en un peu plus d'une minute de Carl Voss - qui a intercepté le palet de George Parsons devant la cage - et de Jack Shill - qui a trouvé un trou entre les bottes de Turk Broda.

Frederic McLaughlin réussit en partie son pari, lui dont la volonté de construire une équipe 100% américaine passait pour une lubie. Sur les 14 hockeyeurs américains que compte la NHL, 8 jouent en effet à Chicago, ce qui en fait sa particularité. À vrai dire, ces calculs sont un peu trompeurs. Les Louis Trudel, Alex Levinsky, Roger Jenkins et Carl Voss n'ont fait que naître aux États-Unis et sont rentrés dans leur enfance au Canada où ils ont appris le hockey, tout comme le capitaine Johnny Gottselig qui a quant à lui vu le jour dans l'Empire russe (plus précisément dans un village de colons suédois et allemands en Ukraine). Les véritables joueurs formés aux États-Unis sont au nombre de quatre, et ils viennent tous de l'État du Minnesota. Hormis le défenseur peu utilisé Virgil Johnson, ce sont des éléments-clés : le centre de la première ligne Elwin "Doc" Romnes, le rookie de l'année Cully Dahlstrom (qui a ouvert le score au dernier match de la finale) et le gardien Mike Karakas.

L'entraîneur et manager Bill Stewart est totalement américain pour sa part, originaire du Massachussets. Le "major" McLaughlin - qui tient à ce titre même s'il a quitté l'armée depuis longtemps - lui a d'ailleurs fait confiance notamment parce que ce sont tous deux des vétérans de l'armée américaine qui ont fait la Première Guerre Mondiale. Alors qu'il est au départ un joueur, manager et arbitre de baseball qui entraînait des équipes lycéennes et universitaires de hockey l'hiver, Stewart crée ainsi l'évènement en devenant le premier coach américain à remporter la Coupe Stanley - dès sa première saison à la tête d'une formation professionnelle de hockey - dix ans après avoir déjà écrit l'histoire en étant le premier arbitre américain de la NHL.

 

Meilleurs marqueurs des play-offs

                                   MJ   B  A Pts Pén
1 Gordie Drillon         Toronto    7   7  1   8   2'
2 Johnny Gottselig       Chicago   10   5  3   8   4'
3 Earl Seibert           Chicago   10   5  2   7  12'
4 Paul Thompson          Chicago   10   4  3   7   6'
5 Elwin Romnes (USA)     Chicago   10   2  4   6   2'
6 Harold "Mush" March    Chicago    9   2  4   6  12'
7 Roger Jenkins          Chicago    9   0  6   6   8'
8 Carl Voss              Chicago   10   3  2   5   0'
9 George Parsons         Toronto    7   3  2   5  11'

 

 

La saison précédente (1936/37)

La saison suivante (1938/39)

 

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